C’est arrivé le… 27 mars 1235

Publié le 27/03/2014

Crédit photo : GARO/PHANIE

Naissance d’Arnaud de Villeneuve, figure de proue de l’école de médecine de Montpellier. La date de la naissance d’Arnaud de Villeneuve reste sujette à caution, d’autres sources le faisant voir le jour en 1238 ou en 1240…

Le lieu de sa naissance reste aussi un mystère. Peut-être en Provence ou dans le Languedoc où pullulent les villages portant le nom de Villeneuve ou en Espagne, ce qui justifierait son surnom de « Catalan »...

Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il étudia la médecine à Montpellier jusqu’en 1260 mais aussi la philosophie après que des frères dominicains lui aient enseigné dans sa jeunesse la théologie, le latin, l’arabe et l’hébreu.

A partir de cette date, Arnaud de Villeneuve, connu aussi sous les noms d `Arnau de Vilanova ou Arnaldus de Villanova, multiplia les voyages en Italie (de Romes à Naples en passant par Pérouse et Salerne), en Espagne (Barcelone, Lérida, Valence)et en France (Paris, Marseille, Avignon…) pour y remplir des missions médicales mais aussi diplomatiques car diplômé en droit, en théologie et en médecine, son avis était souvent sollicité par les princes de ce monde mais aussi par les papes.

On le retrouve ainsi en 1285 premier médecin de la cour de Pierre III, roi d’Aragon, dont il sera également l’ambassadeur auprès de Philippe Le Bel.

Après avoir été excommunié par l’évêque de Tarragone pour ses idées réformatrices, on retrouve la trace d’Arnaud de villeneuve en Italie où il fréquente notamment l’école de Salerne.

Sauvé du bûcher...

En 1299, alors que sa réputation d’alchimiste ne cesse de grandir, il est accusé par l’université de Paris d’hérésie pour ses idées de vouloir réformer l’église. Il sera sauvé du bûcher par le pape Boniface VIII qui avait fait appel à ses services pour le guérir d’une lithiase rénale fort douloureuse et avait été guéri.

 

En 1306, un autre pape, Clément V bénéficie de ses soins, à Bordeaux. Le souverain pontife est là encore tellement satisfait qu’il fait d’Arnaud de Villeneuve son conseiller à Avignon rédigeant sous son contrôle une bulle dans laquelle il établit le plus ancien programme d'études relatif aux écoles de Montpellier où sont mentionnés les auteurs à étudier, notamment les traités greco-arabes (Galien, Avicenne) et les formes à observer pour la collation des grades.

En 1309, lors d’un nouveau voyage à Paris, De Villeneuve est à nouveau jeté en prison , son traité « De Fine Mundi » où il prédit la fin du monde pour 1378 étant considéré comme œuvre de pure hérésie. La censure ecclésiastique appréciait sans doute modérément des propos tels que : « Les œuvres de charité et les services que rend à l'humanité un bon et sage médecin sont préférables à tout ce que les prêtres appellent œuvres pies, aux prières, et même au saint sacrifice de la messe . » On lui reproche aussi de pratiquer l’alchimie et de commercer avec le diable.

La Sorbonne fit alors brûler les œuvres philosophiques d’Arnaud de Villeneuve en public et celui-ci dut aussi abjurer devant un consistoire secret, le pape Clément V lui donnant ce conseil avisé : « Occupe-toi de médecine et délaisse la théologie et alors nous t’honorerons ».

 

Pour fuire l’inquisition, De Villeneuve se réfugia en Sicile mais fut bientôt appelé par Clément V à Avignon qui voulait s’attacher les services de ce médecin si remarquable quelles que fussent ses idées par ailleurs… mais le bateau qui le ramenait en France coula au large de Gênes le 6 septembre 1311 ou 1312.

Après la mort de Clément V, la condamnation des théologiens de Paris contre De Villeuneuve fut renouvelée par l’inquisiteur de Tarragone et quinze des propositions du docteur censurées. Parmi celles-ci :

- l'égalité de l'humanité du Christ et de sa divinité ;

- la condamnation de la profession religieuse ou, du moins, des religieux et de la philosophie ;

- la presque inutilité de la messe ;

- la supériorité des œuvres de miséricorde et de justice sur le sacrifice de l'autel.

Au-delà de sa reputation sulfureuse, De Villeneuve fut sans doute un bon médecin qui, pour lui, avait cet aspect : « Je me souviens d'avoir vu un grand maître en tous arts, excellent théoricien, mais en médecine incapable de prescrire aucun traitement particulier, pas même un clystère, et guérissant à peine la fièvre éphémère. Les médecins de Montpellier, comme mon Maître et les autres, hommes de mérite, très appliqués d'ailleurs à savoir l'universel, n'omettaient pas la science du particulier, de façon qu'ils s'occupaient plutôt des guérisons particulières, d'enseignement, de véritables expériences, qu'ils ne se retranchaient toujours derrière les universaux. »

Ce grand maître de l’école de Montpellier où son enseignement attirait des élèves de toute l’Europe avait aussi le sens de la formule comme on peut en juger :

« la terminologie est indispensable à la science, mais on obtient jamais une guérison par les vertus d'une simple formule » ou encore : « prescrivez toujours quelque chose quand vous êtes en présence du malade, de crainte de paraître un incapable sans l'aide de vos livres ».

 


Source : lequotidiendumedecin.fr