C’est arrivé le… 18 mars 1947.

Publié le 18/03/2014

Crédit photo : GARO/PHANIE

Mort de Paul-Louis Simond, spécialiste des épidémies, connu pour avoir démontré le rôle de la puce du rat dans la transmission de la peste bubonique. Né à Beaufort-sur-Gervanne (Drôme) en 1857, Paul-Louis Simond, après avoir été reçu à l’école de santé navale de Bordeaux, fait ses premières armes de médecin militaire en 1882 en Guyane où il est nommé directeur de la léproserie de l’Acouarani, proche de Saint-Laurent-du-Maroni, séjour au cours duquel il contractera une forme atténuée de la fièvre jaune.

Rentré à Bordeaux, il soutient sa thèse en médecine sur la lèpre l’année suivante, travail qui lui vaut le Prix Godard des thèses de l’Académie de médecine.

Nommé médecin de 2e classe de la Marine, Simond est muté en Extrême-Orient, partageant son activité entre la Chine et l’Indochine. Il participe aux campagnes de vaccination contre la variole, tout en menant des recherches océanographiques dans le golfe du Tonkin. C'est en Chine, à Long-Tcheou, qu'il rédige ses « Notes d'histoire naturelle et médicales ». Il fait également partie d'une mission de délimitation des frontières sino-indochinoises, dirigée par Gallieni.

Ami de Calmette, travaillant pour Metchnikoff et successeur de Yersin

De retour en France, il suit, en 1895, le cours de microbiologie de l’Institut Pasteur, ce qui est l’occasion pour lui de se lier d’amitié avec Albert Calmette et Félix Mesnil, autres futures grandes figures de la biologie française.

Simon intègre en 1896 le laboratoire d’Elie Metchnikoff et va s’intéresser aux coccidies. il démontre la parenté qui réunit ce groupe de protozoaires aux hématozoaires du paludisme et décrit le début de leur cycle sporogonique. Recherches qui font écrire à Alphonse Laveran dans son traité du paludisme (1907) : « Simond a montré que le stade à flagelles existe chez les coccidies et il a émis le premier l'opinion que les flagelles étaient des éléments mâles destinés à féconder des éléments femelles. »

Des phlyctènes révélateurs

Simon est ensuite envoyé aux Indes Anglaises pour prendre le relais d’Alexandre Yersin et poursuivre la champagne de vaccination contre la peste que celui-ci avait initié. Le bacille de la peste –Yersinia Pestis – était identifié depuis 1894 permettant la réalisation de serums. A force d’appliquer la sérothérapie antipesteuse, Simond finit par remarquer que certains malades présentaient un phlyctène évoquant une pipûre d’insecte. Orientant ses recherches sur ce constat, il parvient le 2 juin 1898 à démontrer au cours d’une experience que la peste bubonique est transmise à l’homme non pas par le rat mais par la puce du rat. Grâce à Simond, la dératisation combine à la désinsectisation va permettre de faire diminuer notablement la mortalité liée à la peste.

Emile Roux va faire publier dans les Annales de l’institut Pasteur les conclusions de Paul-Louis Simond, article qui lui vaut le Prix Barbier de l’Académie de médecine.

Frappé lui-même par le paludisme, Simond est nommé directeur de l’Institut Pasteur de Saïgon avant de participer entre 1901 et 1905 à une mission menée au Brésil par le même Institut sur la fièvre jaune. Mission qui lui permet de confirmer, aves ses collègues Emile Marchoux et Alexandre Salimbeni, que le virus de la fièvre amarile existe dans le sang des malades et qu'il est transmis à l'homme sain par l'intermédiaire d'un moustique Stegomia fasciata, reconnu comme le seul vecteur de la maladie. Les trois chercheurs orientent donc la prophylaxie vers la destruction de cet insecte. Ils constatent aussi les possibilités d'immunisation des individus par le sérum de malades chauffé quelques minutes à 55° et par le sérum de convalescent.

Après une autre mission sur la fièvre jaune en Martinique, Simond refait un bref passage en France où il est professeur à l’École d’application du service de santé des troupes coloniales, Mais il reprend bientôt ses peregrinations pour diriger, de 1911 à 1913, l’institut de bactériologie de Constantinople où il s'attache à la préparation de vaccin antityphique cependant qu’une épidémie de choléra fait rage.

Pendant la première Guerre mondiale, Simond est nommé directeur du Service de santé des troupes du groupe de l'Indochine et inspecteur des Services sanitaires et médicaux de l'Indochine. Parallèllement, le biologiste se passionne pour l'étude des orchidées d'Indochine. Il fait exécuter par un artiste local, 226 aquarelles d'espèces d'orchidées différentes qu'il accompagne de descriptions précises permettant leur identification.

A la suite de divergence avec l’autorité militaire, Simond quitte l’armée en 1917 et s’installe dans sa Drôme natale, à Valence où il luttera avec acharnement contre la tuberculose. Maire-adjoint de la ville, il sera aussi l’artisan de la creation de la pouponnière municipale. Paul-Louis Simond est mort le 18 mars 1947 dans la cité valentinoise dont il était devenu un citoyen émérite.


Source : lequotidiendumedecin.fr