Certaines cardiomyopathies dilatées pourraient être auto-immunes

Publié le 16/01/2001
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L A cardiomyopathie dilatée, diagnostiquée principalement sur la clinique et sur l'exclusion de causes sous-jacentes identifiables, est une maladie du muscle cardiaque qui s'aggrave progressivement et pour laquelle les traitements actuels sont peu efficaces. Son étiologie est mal comprise. Il est probable que, selon les patients, des facteurs génétiques, viraux, immunologiques et environnementaux jouent un rôle variable.

On a découvert chez certains patients affectés la présence d'autoanticorps, ce qui a soulevé la possibilité, dans certains cas, d'un mécanisme auto-immun. Cette possibilité reste toutefois controversée.
Une équipe de chercheurs japonais, Nishimura et coll. (université de Kyoto), apporte un argument qui pourrait appuyer cette hypothèse. Elle a découvert que l'inactivation du gène PD-1, un immunorégulateur négatif des lymphocytes activés, provoque, chez une souche particulière de souris, une cardiomyopathie dilatée avec perte sévère de la force contractile et mort subite par insuffisance cardiaque congestive.
Les cœurs affectés présentent un dépôt diffus d'IgG à la surface des cardiomyocytes, ce qui suggère une fixation d'anticorps à des antigènes de surface cardiaque. De plus, toutes les souris knock-out PD-1 affectées ont des taux circulants élevés d'autoanticorps IgG dirigés contre une protéine de 33kD exprimée spécifiquement à la surface des cardiomyocytes. Une souche différente de souris n'a pas développé de cardiomyopathie ; ainsi, d'autres facteurs génétiques pourraient jouer un role. « Ces résultats indiquent que PD-1 pourrait représenter un important facteur contribuant à prévenir les maladies auto-immunes », déclarent les chercheurs. « Ils soulèvent la possibilité que certaines formes de cardiomyopathie pourraient avoir une base auto-immune. L'identification des éventuels autoantigènes pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour cette importante maladie. »

« Science » du 12 janvier 2001, p. 319.

Dr V. N.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6836