JAZZ-ROCK
Par Didier Pennequin
S ONNY ROLLINS, qui a fêté ses 70 ans en septembre dernier et marqué de son empreinte le jazz contemporain depuis plus de quatre décennies, est un musicien économe. Econome de ses tournées européennes, il donnera un unique concert à l'Olympia de Paris le 2 mai prochain. Econome également dans sa production phonographique. Econome enfin dans le renouvellement de son genre musical. Ces deux derniers aspects apparaissent clairement dans son dernier opus, « This Is What I Do » (Fantasy/WEA).
Ce CD, qui comprend seulement six titres - trois compositions originales et trois reprises - est représentatif de la démarche actuelle du grand saxophoniste-ténor : poursuite d'un style musical qui continue d'emprunter à la musique des Caraïbes et volonté de ne pas se couper des racines plus jazzy. Le tout accompagné par ses acolytes habituels, à l'exception toutefois de la présence de Jack DeJohnnette (batterie). Musique routinière ou réelle nouveauté ? Il serait sans doute temps que l'immense Sonny Rollins rallume sa propre flamme !
Wynton Marsalis est un jazzman qui court après le temps passé.
Révélé au grand public lors de la vague néo-bebop des années 1980, le trompettiste virtuose est devenu depuis une valeur sûre, une référence et surtout un gardien de musée. « The Marciac Suite » (Columbia/Sony Music), son dernier CD enregistré en hommage à son festival fétiche et à ses principaux animateurs, résume parfaitement le désir du leader de balayer le plus complètement possible les multiples facettes de la musique de jazz, du style New Orleans - sa ville natale - à un genre plus élaboré et précieux. Du très beau travail certes, rehaussé par la présence d'accompagnateurs hors pair.
Pat Metheny a beaucoup bouleversé la façon d'approcher et de jouer de la guitare au cours des vingt dernières années. Devenu un maître que l'on tente d'imiter, c'est au contact récemment de deux compères - Larry Grenadier (basse) et Bill Stewart (batterie) - que le musicien, qui utilise des instruments de conceptions différentes, a réalisé de très belles choses musicales.
Après un album en studio, le trio vient d'éditer un double «live », « Pat Metheny Trio Live » (Warner Bros./WEA), enregistré en 1999 et 2000 aux Etats-Unis, au Japon et en Europe, qui est un pur joyau. Ces trois complices sont capables, en direct, de merveilles de technique, d'inventivité et de virtuosité qui transforment une simple mélodie en chef-d'uvre. Alliant ballades tendres et moments furieux, ce disque renferme de somptueux trésors du XXe siècle finissant.
Le pianiste français Michel Petrucciani (1962-1999) a marqué de sa personnalité et de son immense talent la musique de jazz moderne. Si la plupart des amateurs se souviennent de ses dernières années sur scène, au faîte de sa gloire, peu ont encore en mémoire les débuts d'une future étoile du clavier dans le Paris des années 1980 et ses premiers enregistrements. Le mal est quasiment réparé avec la parution de « Days of Wine and Roses - The Owl Years 1981-1985 » (OWL/Universal), une compilation sous forme de double CD qui permet de retrouver le jeune prodige en piano solo, en duo et en trio, accompagné notamment par Lee Konitz (saxe-alto), Ron McClure et Jean-François Jenny-Clark (basse), et Aldo Romano (batterie). Un maillon manquant dans la carrière d'un homme formidable.
Sons d'hiver : un grand « free son » musical
P OUR sa 10e édition, le festival « Sons d'hiver », qui se déroule dans 15 villes du département du Val-de-Marne jusqu'au 10 février prochain (1), a basé sa programmation sur les transformations musicales et la créativité, avec une large place laissée aux musiques ouvertes.
L'un des clous de cette manifestation - « explosive, dynamique, étonnante, riche et plurielle » - sera le choc inattendu pour le concert de clôture (10 février. - Créteil) entre le multi-instrumentiste français Michel Portal, chevalier du tout-terrain musical, avec trois poids lourds de la musique funk - Michael Bland (batterie), Sonny Thomson (basse électrique), tous deux ex-membres du groupe de Prince, « New Power Generation », et Vernon Reid, fondateur du groupe « Living Colour » -, le tout relié par un claviériste émérite, Tony Hymas. Un CD scellant cette réunion insolite est attendu pour la fin janvier (2). Parmi les autres créations qui font l'éclectisme des « Sons d'Hiver », figurent une autre rencontre particulière entre le freejazzman et saxophoniste hongrois Akosh S. et les musiciens du Dar Gnawa de Tanger (19 janvier. - Choisy-le-Roi), la clarinette-basse de Denis Colin et une formation à cordes, les Arpenteurs (20 janvier. - Vitry-sur-Seine), le chanteur Rodolphe Burger, ex-Katonoma, et quelques invités (24 & 25 janvier. - Alfortville), ou encore le Large Ensemble d'un autre clarinettiste français Sylvain Kassap (8 février. - Ivry-sur-Seine).
Les autres têtes d'affiche de l'édition 2001 sont notamment des représentants du jazz actuel vivant à l'image du new-yorkais John Zorn et de son groupe Masada, d'Ellery Eskelin (saxe-ténor), du duo Eugene Chadbourne (guitare/banjo)/Paul Lovens (batterie/percussions) ou des « Primitifs du Futur », emmenés par Daniel Huck (saxe/chant).
(1) Rens. & réservation : 01.46.87.31.31.
(2) « Minneapolis » - Universal Jazz. (Sortie prévue le 24 janvier.)
BLOC-NOTES
Joachim Kühn
Pianiste allemand - il est né à Leipzig en 1944 -, Joachim Kühn fait partie de cette infime élite des musiciens européens qui ont été les principaux acteurs et participants de la grande vague du free jazz dans les années soixante-soixante-dix, même si on le retrouve un temps avec Jean-Luc Ponty (violon) pour une expérience plus électrique (1971/1972). C'est en fait, surtout, au sein d'un trio formé avec Daniel Humair (batterie) et le regretté Jean-François Jenny-Clark (basse) que le pianiste va installer sa notoriété d'instrumentiste, de leader et de compositeur en France. Sans jamais renier ses bases, il va également participer à des expériences musicales nouvelles qui sont chaque fois une sorte de défi. Toujours grand adepte du trio, il se produira pour la première fois en France avec les rejetons de deux grands noms du jazz américain : Charnett Moffett (basse), fils du batteur Charles Moffett, et Denardo Coleman (batterie), fils d'Ornette Coleman. Le choc des cultures et des générations en quelque sorte.
Paris - Cité de la musique (01.44.84.44.84) - 16 janvier - 20 h.
Lou Donaldson/Dr Lonnie Smith
D'un côté, le saxophoniste-alto/compositeur emblématique des années soixante et de l'écurie Blue Note. De l'autre, le « docteur groove » de l'orgue Hammond et des claviers. A 74 ans, Lou Donaldson n'a rien perdu de son style, de sa verve et de sa prestance instrumentale, surtout quand il est accompagné par Lonnie Liston Smith, 60 ans, rebaptisé « Docteur », dont le jeu respire le funk et les rythmes endiablés. Un duo, plus quelques accompagnateurs, qui va faire parler la poudre musicale.
New Morning (01.45.23.51.41) - 16 janvier - 21 h.
Mal Waldron
Le pianiste Mal Waldron a été l'accompagnateur fétiche de grandes personnalités du jazz instrumental et chanté, dont tout récemment avant sa tragique disparition, la chanteuse Jeanne Lee. En près de cinquante ans de carrière, Waldron aura également traversé plusieurs épopées de la musique afro-américaine, grâce à ses multiples qualités instrumentales, son sens de l'adaptation, sa virtuosité et une trop grande dose de modestie.
Sunside Jazz Club (01.40.26.21.25) - Du 18 au 20 janvier - 21 h (en trio).
Alan Silva
Les apparitions du contrebassiste américain Alan Silva sont suffisamment rares pour ne pas être signalées. Héros de la vague free voici une trentaine d'années, leader de plusieurs grands orchestres durant la même période, enseignant plus récemment, Alan Silva demeure un des grands pionniers de la mini-révolution qui avait touché la basse en pleine explosion de la musique improvisée.
Sunset Jazz Club (01.40.26.46.60) - 16 janvier - 21 h (avec le groupe de Abdelaï Bennani).
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