«E N analysant une série de 22 jeunes patients de moins de 40 ans, opérés pour cancer du rein entre 1986 et 1999 (sur 600 interventions), nous constatons que les résultats apparaissent meilleurs que ce qui est habituellement mentionné dans la littérature », explique au « Quotidien » le Pr Lobel. Parmi ces 22 patients, 17 sont toujours vivants et 5 sont décédés, pour la plupart dans les deux premières années. La comparaison avec des publications antérieures de la littérature montre que ces résultats sont meilleurs que ceux rapportés dans les années quatre vingt dix.
Par exemple, dans le « Journal of Urology », en 1981, une équipe de la Mayo Clinic rapportait, sur une série de 89 patients, une survie à trois ans de 60 %, à cinq ans de 55 % et à dix ans de 47 %, avec des décès survenus surtout pendant la première année. Dans « Urology », en 1991, une publication sur 41 patients montrait que si les cancers sont découverts à un stade évolué (stades 3 ou 4), la survie après deux ans et demie est nulle.
La découverte à un stade très précoce
L'examen de la série décrite par l'équipe du Pr Lobel révèle que quand les cancers sont découverts à un stade très précoce, dix ans plus tard, les deux tiers de patients sont toujours vivants.
A quoi tient cette meilleure survie ? Le cancer du rein du sujet jeune est aussi agressif que chez les sujets plus âgés, avec les mêmes types histologiques et la même gravité. Globalement, la survie à cinq ans est de 50 %. Les résultats rennais s'expliquent par les progrès de l'imagerie survenus depuis 1986, avec l'usage extensif de l'échographie. Comparativement aux séries antérieures, les cancers sont diagnostiqués à un stade plus précoce, à l'occasion d'une échographie souvent demandée pour une autre raison, à un stade encore totalement asymptomatique du cancer. Ce qui permet d'expliquer l'amélioration du pronostic observé dans la série récente. En revanche, chaque fois que la découverte est réalisée sur un symptôme d'appel, comme une hématurie, une fièvre, un syndrome inflammatoire ou des douleurs liées à la tumeur, le pronostic chute. Une tumeur découverte à un stade 3 est assortie d'un décès dans les deux ans qui suivent.
Cas familiaux, maladie de von Hippel Lindau
Il paraît donc opportun d'explorer les patients à risque. Qui sont-ils ? Les membres de la famille (frères et surs et enfants), lorsqu'un patient est traité pour un cancer du rein avant l'âge de 50 ans, même si les formes familiales sont peu fréquentes (2 %). Il faut faire pratiquer des échographies à partir de l'âge de quinze ans, tous les deux à trois ans. Le dépistage est nécessaire aussi dans les familles atteintes de maladie de von Hippel Lindau, maladie où le cancer du rein est l'une des composantes possibles.
En France, on compte 5 000 nouveaux cas de cancer du rein par an, avec 3 000 décès, ce qui est beaucoup, précise le Pr Lobel. L'âge moyen au moment de la découverte du cancer du rein est de 62 ans. On trouve de 4 % à 7 % de cancers découverts avant l'âge de 40 ans.
Travail réalisé à Rennes par l'équipe du Pr Bernard Lobel et du Dr Alexandro Rodriguez.
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