Cancer colorectal : les nouvelles recos américaines en faveur du dépistage dès 45 ans

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Publié le 30/05/2018
cancer colo rectal

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Crédit photo : S. Toubon

La Société américaine du cancer préconise d'avancer l'âge du début du dépistage du cancer colorectal de 50 ans à 45 ans, dans leurs nouvelles recommandations publiées dans « CA : A Cancer Journal for Clinicians ». La société savante recommande que les adultes de 45 ans et plus ne présentant pas de facteur de risque particulier effectuent « régulièrement » un dépistage du cancer colorectal.

Il n'existe que peu de preuves directes d'un bénéfice-risque favorable d'un dépistage avancé à l'âge de 45 ans, dans la mesure où la plupart des études sur le sujet n'ont recruté que des volontaires de 50 ans et plus. C'est pourquoi les auteurs des recommandations font une distinction entre le début du dépistage à l'âge de 45 ans, qui est qualifié de « recommandation qualifiée », basée sur des avis d'expert, et le début du dépistage à partir de 50 ans qui est lui qualifié de « recommandation forte ».

Cette nouvelle recommandation s'appuie toutefois sur les dernières données épidémiologiques qui « montrent une tendance à l'accroissement de l'incidence des cancers colorectaux chez les adultes plus jeunes », estime Richard Wender, en charge du département du contrôle des cancers à la Société américaine du cancer. L'incidence du cancer colorectal a diminué chez les plus de 55 ans aux États-Unis, mais a augmenté de 51 % chez les moins de 50 ans depuis 1994.

Une analyse récente montre que les adultes nés en 1990 ont un risque de cancer colorectal 2 fois plus élevé que ceux nés en 1950, et un risque de cancer de l'anus 4 fois plus élevé. Cette augmentation, et surtout celle des cancers rectaux, est d'ailleurs qualifiée de « perturbante » par les auteurs qui ne lui trouve pas d'explication. L'incidence du cancer colorectal reste toutefois moins élevée chez les 45-49 ans (31,4 cas pour 100 000 habitants) que chez les plus de 50 ans (58,4/100 000).

Une place importante laissée au choix du médecin et du patient

Une modélisation mathématique, faite à partir des dernières données épidémiologiques, et publiée en même temps que les recommandations, montre qu'un âge pour le dépistage avancé à 45 ans permettrait de diminuer le poids du cancer colorectal chez les moins de 50 ans. Les auteurs des recommandations estiment qu'un adulte sans facteur de risque de cancer particulier, et dont l'espérance de vie est supérieure à 10 ans, doit poursuivre des examens réguliers jusqu’à l'âge de 75 ans. Pour les patients qui n'entrent pas dans cette définition, l'âge de l'arrêt du dépistage est laissé à l'appréciation du médecin et du patient : entre 76 et 86 ans selon les antécédents et l'espérance de vie estimée.

En ce qui concerne les modalités du dépistage, les recommandations avancent plusieurs possibilités : un test immunologique ou Hémoccult annuel, une analyse de l'ADN fécal tous les 3 ans, une coloscopie tous les 10 ans, une colonoscopie virtuelle tous les 5 ans ou une sigmoïdoscopie tous les 5 ans. Là encore, le choix par le médecin dépend du profil et des préférences du patient. La société savante publie à cet effet une sorte de « guide conversationnel » pour discuter de la méthode de dépistage.

En France, le dépistage du cancer colorectal est organisé chez toutes les personnes de plus de 50 ans, et s'appuie sur le test immunologique depuis avril 2015. Ce dépistage est actuellement mis en danger par un jugement récent de la cour administrative de Paris.


Source : lequotidiendumedecin.fr