VOS MALADES ONT LU
« Le Point », 23 mars, « le Nouvel Observateur », 22 mars
La biopiraterie qui se pratique au Mexique s'exerce-t-elle à la mexicaine, comme le laisse entendre le titre d'un article du « Point », ou à l'américaine ? Il semble bien, en effet, que les biopirates soient les Mexicains, descendants des Mayas inventeurs de « pozol » (pâte de maïs aux vertus nourricières et médicales remarquables), soigneurs ou sorciers possesseurs de secrets phytothérapiques précieux, cultivateurs de haricots jaunes depuis la nuit des temps ; et les pirates, ce sont bien les entreprises américaines qui déposeraient des brevets sur les produits de savoirs hérités des Mexicains. Longtemps réduits à l'inaction devant le « saccage systématique des richesses biologiques » de leur pays, faute de ressources juridiques et financières, les Mexicains commencent à se rebiffer, soutenus par la « pression internationale » et les défenseurs de l'environnement. Le procès, dont « le Nouvel Observateur » entre autres attend la conclusion à la mi-avril, touche lui à des faits que les plaignants pourraient considérer, avec l'appui du droit international, comme de la piraterie. Il oppose, on le sait (voir notamment « le Quotidien » des 7 et 8 mars), 39 firmes pharmaceutiques au gouvernement sud-africain, les premières reprochant au second de privilégier les médicaments génériques alors que les molécules originales sont encore couvertes par les brevets et d'autoriser l'importation de produits moins chers vendus à l'étranger, cette loi ayant pour objectif de faciliter l'accès des malades les plus pauvres, et des malades du SIDA en particulier, aux médicaments. Selon « le Nouvel Observateur », « il existerait une solution compatible avec les accords : déclarer l'état d'urgence sur le SIDA en Afrique du Sud ». Les juristes et les politiques de tous les pays n'ont sans doute pas fini de s'interroger sur de telles questions, ni de démêler qui sont les biopirates et qui sont les biocorsaires.
Quelle réponse pour quelle menace écologique ?
« Nouvelles Clés », printemps 2001
Le problème, c'est « un rapport complètement inadéquat avec la nature », c'est créer une « écologie spirituelle », c'est « la coupure homme nature », c'est la prise de conscience de « la fragilité de la présence de la vie dans l'univers connu et de sa beauté », c'est qu'il n'y a « probablement pas de peuples au monde qui accepteraient de mourir pour donner la chance à l'humanité de survivre », c'est l'isolement « des cellules "hommes" de la cellule "terre", tel un cancer », c'est la perte du sens de la vie, c'est la constatation scientifique que les villes actuelles ne sont pas « écologiquement durables », c'est « notre compréhension très incomplète du temps », c'est l'incertitude, c'est la « non-compréhension de la finitude de la planète »... Autant d'écologistes interrogés, de l'écrivaine au businessman et de la pasionaria à l'élu vert, autant de diagnostics du « problème ». Bien sûr, les « pires cauchemars » restent dans la lignée des diagnostics, eux-mêmes déterminant largement les remèdes proposés. Mais les catastrophes écologiques classiques, type éclosion d'une « maladie virale dévastatrice », explosion nucléaire ou manipulations génétiques « échappant à tout contrôle », tiennent moins de place dans les esprits des personnes interrogées que les catastrophes humaines, et les remèdes préconisés font une large place à la prise de conscience individuelle et collective mondiale des risques qu'entraîne notre façon de vivre actuelle.
Progrès technologique et pilosité
« Science et Vie Junior », avril
Non, « Science et Vie » ne répond pas à la grave question de savoir si les portables sont dangereux pour la santé ; le magazine laisse aux scientifiques qui planchent sur le problème le soin de trancher avant la fin de l'année. En revanche, la découverte suédoise d'un effet inattendu des téléphones portables l'amuse plutôt. Le mensuel explique en effet que la conjugaison du port d'un appareil dentaire à bagues et de la répétition d'appels téléphoniques prolongés avec un appareil portable fait pousser « les poils de l'oreille moyenne », le record étant détenu par un jeune Suédois dont les oreilles débordaient de 7 centimètres de poils ! Inutile, heureusement, de priver les adolescents de leur cher portable ou de leur nécessaire appareil dentaire, un simple anneau glissé dans le conduit auditif empêche « l'onde stationnaire » fauteuse de troubles pileux de se former. On aurait pu s'en douter : « certains spécialistes » se demandent déjà comment utiliser le phénomène pour faire pousser les poils où ils sont souhaités, c'est-à-dire sur le crâne des chauves.
Maigrir, c'est un tout
« Vital », avril
S'il n'est pas question pour « Vital » de « parler régime comme les autres », c'est que ses ambitions sont plus larges. « Maigrir, c'est un tout, une autre façon de manger, mais aussi de penser, de bouger, de se détendre, de vivre. » En 18 pages, les lectrices du magazine apprendront donc pourquoi elles n'ont pas réussi jusqu'ici à maigrir, découvriront leur régime « 100 % moi », les meilleurs substituts de repas, la meilleure gym minceur, les derniers produits amincissants, l'amaigrissement façon Internet, et devraient en sortir avec « un corps canon ».
Quelques pages plus loin, le mensuel, pour lequel minceur rime avec forme, suggère à ses lectrices de vivre « sans carence » : Finalement, que les besoins soient liés à la croissance à l'adolescence, aux nécessités de la minceur à tout âge, à celles de la grossesse, à celles de la ménopause et de ses conséquences, les risques de carence tournent le plus souvent autour du calcium, autour des vitamines C, B6, B12, souvent autour du fer, des folates, peut-être du magnésium, l'ensemble incitant à la prudence en ce qui concerne les « régimes ».
« Ecouter son corps »
« Marie France », avril
Non, tout n'est pas possible : on ne peut pas éternellement ac-cepter une dette de sommeil, transformer radicalement sa morphologie, bousculer sans cesse son horloge biologique, chercher la performance dans tous les domaines... et espérer s'en tirer sans dommages. « Marie France » affirme à ses lectrices qu'il leur faut écouter leur corps, « avant qu'il ne craque de stress, de lassitude et de surmenage », avant que ne surviennent la dépression, les accidents cardiaques, voire le burn-out des Anglo-Saxons ou le karoshi des Japonais, avant qu'« ulcères, verrues, migraines, herpès, eczéma, douleurs dorsales, cervicales, colopathies fonctionnelles ou rectocolites hémorragiques », bref, toutes sortes de pathologies à connotation psychosomatique s'abattent sur elles.
Mieux encore, il faut commencer par respecter ce corps, c'est-à-dire reconnaître ses besoins de sommeil comme accepter ce qu'il est avec ses limites morphologiques, métaboliques ou hormonales. Le magazine prêche donc les vertus des breaks, des périodes de détente, avec l'aide éventuelle de centres spécialisés ; il enseigne la souplesse par le stretching en particulier... et, bien sûr, l'amincis-
sement, mais de façon raisonnable et raisonnée. Dans un petit encadré, le magazine plaide avec for-
ce pour une saine reconnaissance, par le corps médical, de la valeur du point de vue des patientes sur leurs sensations et sur leurs maladies en général.
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