L A douleur est un phénomène subjectif qu'aucune mesure objective ne peut encore quantifier. Et comme le patient est mieux à même que tout autre d'exprimer ce qu'il ressent, l'auto-évaluation est la méthode de choix d'évaluation de sa douleur et un élément indissociable du « partenariat » qui s'instaure entre le médecin et son patient afin de trouver la stratégie antalgique la mieux adaptée.
Différentes échelles unidimensionnelles d'autoévaluation de la douleur - verbales simples, numériques, visuelles analogiques - permettent de mesurer de façon globale l'intensité d'une douleur ou son soulagement et de quantifier un effet thérapeutique. Ces instruments, qui à l'hôpital sont utilisés maintenant de façon systématique, ont également une place en routine en pratique de ville, en sachant toutefois que l'appréciation d'une douleur ne se limite pas à sa dimension nociceptive. Elle intègre de nombreux paramètres (facteurs d'anticipation, anxiété d'incertitude diagnostique, biais d'attitude) qui doivent être pris en compte.
L'échelle visuelle analogique d'autoévaluation dite EVA est, jusqu'à maintenant, chez l'adulte et l'enfant de plus de 6 ans, l'instrument le plus utilisé parce que le plus fiable, le plus sensible et le mieux adapté à l'urgence.
L'EVA se présente sous forme d'un trait horizontal de 100 mm de longueur, aux extrémités non bornées. L'extrémité gauche correspond à l'absence totale de douleur, l'extrémité droite à une douleur d'intensité maximale (douleur intolérable).
Des versions adaptées sous forme de petites réglettes de 100 mm avec un curseur mobile facilement maniable sont souvent utilisées en clinique.
Un stylet et un écran tactile
Un agenda électronique de poche, avec comme interface utilisateur un stylet et un écran tactile, a été détourné de son usage classique pour être utilisé comme carnet électronique d'autoévaluation de la douleur.
Programmé pour enregistrer avec précision le score d'une douleur, son horaire, son évolution dans le temps, l'action d'un médicament antalgique, l'utilisation de ce nouvel outil a été rendue aussi simple que possible pour permettre à un patient qui a reçu les informations nécessaires de respecter, sans difficulté particulière, le programme d'autoévaluation de sa douleur.
Sur ce « carnet », l'échelle se présente sous la forme verticale qui correspond à la plus grande dimension de l'écran tactile. Le trait effectué par le patient à l'aide du stylet correspond à un score de douleur (chiffres) non visible mais gardé en mémoire dans l'appareil. Une fois transmises à un ordinateur, les données recueillies peuvent être facilement analysées.
Le carnet électronique d'autoévaluation de la douleur n'a pas encore, à ce jour, d'utilisation en médecine de ville. En revanche, il a été utilisé à l'hôpital dans le cadre de l'étude de validation de mesure de l'intensité douloureuse (EVA électronique versus EVA de Huskisson papier, réglette utilisée en clinique) menée par le Pr Bertin (chef du service de rhumatologie, CHU Dupuytren, Limoges) et dans le cadre d'un essai clinique en stomatologie.
Le traitement de la douleur aiguë
Cette première application pratique de l'EVA électronique est réalisée en odontologie par le Dr J.-Ch. Fricain (Bordeaux) pour comparer la rapidité d'action d'un comprimé de Toprec (kétoprofène 25 mg), AINS commercialisé par Aventis Pharma Théraplix, à celle de deux comprimés d'ibuprofène 200 mg dans le traitement de la douleur aiguë après extraction sous anesthésie locale d'une dent de sagesse mandibulaire incluse ou entravée.
Actuellement en cours de réalisation, cette étude multicentrique (19 centres), randomisée en double aveugle contre placebo dans laquelle sont inclus 190 patients (hommes et femmes âgés de 15 à 65 ans), vise également à comparer l'efficacité antalgique sur six heures des deux médicaments. Les résultats sont attendus pour la fin novembre 2001.
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