P EINE de principe (trois ans de prison avec sursis) pour une mère meurtrière de son fils autiste (« le Quotidien » du 5 mars) : ce jugement succédant à un autre en 1996 (cinq ans de prison avec sursis pour une mère qui avait tué sa fille autiste de 23 ans) soulève de nombreuses réactions.
« La clémence du verdict ne doit pas nous faire perdre de vue qu'il s'agit d'un acte interdit par la loi et ne doit pas permettre aux pouvoirs publics de se soustraire de leurs obligations », note l'association Autisme France*.
« Mme Préfaut hier, Mme Pasquiou aujourd'hui, il ne faut pas attendre d'autres actes désespérés comme ceux-ci pour réagir et qu'enfin les pouvoirs publics assurent leurs responsabilités et leurs obligations d'éducation et de soins », dit France Autisme, qui reçoit tous les jours des lettres de « parents en grande détresse » et donne en exemple « l'appel au secours » d'une mère.
Sans prise en charge depuis trois ans
« Mon fils est sans aucune prise en charge depuis trois ans », raconte cette femme du Vaucluse, en arrêt maladie depuis cinq semaines ; son mari est parti et elle est seule pour s'occuper de son fils autiste de 13 ans et demi et de deux autres enfants. « Gardé » à la maison, le garçon ne bénéficie d'aucun suivi médical ou éducatif. « Ce n'est pas faute d'avoir alerté la CDES, la DDASS, les IME et fait régulièrement le porte-à-porte, physiquement, par courrier, par téléphone de toutes ces institutions, dit la mère. Sans succès. Toujours la même réponse : " Pas de place... établissement non adapté pour les enfants autistes... pas de moyens financiers pour créer une section spécialisée... gardez courage ", ou bien une prise en charge tellement réduite qu'elle nécessiterait toujours la présence d'un parent pour s'occuper de lui, ce qui empêcherait cette personne d'exercer toute activité professionnelle. Et ça dure depuis trois ans. »
Si l'autisme pouvait être décelé lors de la grossesse, « j'aurais choisi l'avortement », ajoute-t-elle. Mais son fils, dont l'autisme a été diagnostiqué à l'âge de 3 ans, « est là aujourd'hui, bien vivant et, comme tous les enfants de ce pays, il devrait avoir le droit aux soins et à l'éducation dans toute la mesure de son potentiel ». Ce qu'il faudrait : « Une prise en charge de jour immédiate et durable pour mon enfant (pas d'internat) afin que je puisse me rétablir et reprendre mon travail dans les plus brefs délais et élever mes trois enfants dans la dignité ».
En alertant l'opinion publique et les pouvoirs publics, Autisme France espère faire évoluer la situation et « éviter d'autres drames ».
* 1209, Chemin des Campelières, 06250 Mougins, tél. 04.93.46.01.77, fax 04.93.46.01.14, e-mail autisme.france@wanadoo.fr, www.autismefrance.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature