THEATRE
C 'EST une jeune femme d'une trentaine d'années qui, en quelques saisons, a su trouver sa place dans le monde du théâtre. Formée à l'art dramatique à Rouen, sa ville natale, Sophie Lecarpentier s'est rapidement orientée vers l'assistanat et la mise en scène. Elle a longtemps travaillé auprès de Jean-Pierre Vincent tout en ménageant son temps pour ses propres créations. Ses centres d'intérêt (Catherine Anne, Tahar Ben Jelloun) l'arriment fortement dans le présent. On devine, en découvrant cette production au titre un peu précieux, « les Rencontrées du bel hasard », qu'elle veut parler au nom de sa génération, se pencher sur la réalité du jour, à travers les sentiments, les passions de jeunes femmes qui lui ressemblent sans doute un peu.
Précieux est le titre du texte de Marc Delaruelle, dont on a pu voir il y a quelques mois « la Tête dans les nuages » au Vieux-Colombier - il avait été le lauréat du prix CIC pour le théâtre en 1997. Précieuse est son écriture. Avouons-le, pour notre goût, ce style manque de puissance immédiate. Il y a là des coquetteries, pour ne pas dire une afféterie qui alourdit le propos. Mais on accepte qu'une jeune femme sensible et intelligente y entende quelque chose de profond et quelque chose de « vrai ». D'autant plus que la mise en scène de Sophie Lecarpentier est en tous points remarquables. C'est joli, délié, coloré, fin, cela traduit un amour du théâtre et de ses enchantements lorsqu'il suffit d'une grande voile de soie bleue pour nous faire croire aux déchaînements de la mer.
Délicatesse, c'est le maître-mot de Sophie Lecarpentier. Elle a sollicité Marc Delaruelle qui a parlé avec les quatre comédiennes (Sophie Carité, Marie-Béatrice Dardenne, Isabelle Florido, Hélène Francisci) et le comédien (Nicolas Fagart) pour construire ce texte qui, à travers une fable poétique, nous parle des jeunes femmes d'aujourd'hui, de leurs beaux soucis dont l'essentiel est l'amour, l'inscription dans le monde. Quatre interprètes, mais une seule figure de femme (d'ailleurs elles se ressemblent et portent toute la même robe, dans des versions différentes) pour un homme unique. Un décor finement accordé au propos (Philippe Binard), des lumières tendres (Gilles Seclin), de la musique (Denis Chouillet) avec une interprète-bricoleuse (Amélie Berson), tout concourt au charme certain d'une soirée aux belles moirures.
Théâtre des 2-Rives, Centre de création dramatique de Haute-Normandie à Rouen, jusqu'au 31 mars, à 20 h 30 ou 19 h 30 (02.35.70.22.82). Puis au Creusot, à LARC, scène nationale, les 5 et 6 avril.
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