PRATIQUE
• Signe de gravité
Quelques gestes simples peuvent être pratiqués par le dermatologue : apprécier grossièrement l'acuité visuelle, retourner la paupière supérieure à la recherche d'une allergie, dépister la sécheresse oculaire par le test de Shirmer. D'où l'utilité des moyens de bord, comme la loupe, la lampe UV, le petit écarteur, les bandelettes Shirmer ou les doses de fluorescéine. Le dermatologue devra savoir reconnaître les signes de gravité que sont la rougeur en cercle périkératique, les douleurs oculaires et la baisse d'acuité visuelle.
• Conjonctivite ou autre pathologie inflammatoire ?
Dans la conjonctivite, la rougeur est diffuse et étendue à toute la conjonctive bulbaire et palpébrale ainsi qu'aux culs-de-sac conjonctivaux ; il n'y a pas de douleur, mais une gêne (picotement, prurit) et aucune diminution de l'acuité visuelle.
Dans l'inflammation de la cornée, des douleurs avec photophobie intense, une baisse visuelle et une rougeur périkératique sont présentes.
La suspicion de kératite, en particulier dans sa forme superficielle (qui retient la fluorescéine), est une contre-indication absolue aux collyres corticoïdes sous peine de voir s'aggraver une ulcération cornéenne pouvant générer une perforation de l'œil.
L'uvéite est une atteinte grave, avec risque d'adhérences définitives entre l'iris et le cristallin, imposant en urgence l'administration d'un collyre corticoïde et atropinique, afin d'éviter les synéchies. L'épisclérite (bouton rouge dans le blanc de l'œil) peut être révélatrice d'une maladie générale (tiers des cas).
• Contexte de maladie infectieuse
De nombreux agents infectieux (virus, bactéries, parasites, champignons) peuvent être à l'origine d'un œil rouge et d'une atteinte cutanée, pas toujours au premier plan. Le zona ophtalmique et l'herpès sont des urgences thérapeutiques et peuvent laisser des séquelles visuelles sévères. La kératite superficielle herpétique contre-indique l'utilisation de corticoïdes.
• Allergie
L'allergie peut être une atopie de contact (cosmétiques et filtres solaires, produits d'entretien de lentilles de contact, substances véhiculées par les mains, conservateurs présents dans les collyres, certains antibiotiques locaux, mydriatiques) ou s'inscrire dans un contexte plus général. L'allergie est évoquée devant un aspect caractéristique de gros pavés en mosaïque que l'on observe en retournant la paupière supérieure, des gonflements palpébraux et d'autres manifestations allergiques associées (rhinite, asthme, urticaire, etc).
Les blépharoconjonctivites sont souvent associées à un eczéma palpébral. Le traitement repose sur l'éviction des allergènes, les collyres antidégranulants et antihistaminiques au long cours, alors que les collyres corticoïdes doivent être utilisés toujours en cure courte (en sachant qu'ils peuvent être responsables en quelques mois d'une hypertonie glaucomateuse ou d'une cataracte).
• Sécheresse oculaire
Celle-ci est en rapport avec une diminution des larmes dans le cul-de-sac conjonctival ou avec une augmentation de l'évaporation lorsque la sécrétion lacrymale est conservée et souvent d'origine iatrogénique.
•Rosacée oculaire
Les symptômes sont variés : conjonctivites et blépharites récidivantes, kératites chroniques, anomalies de la sécrétion lacrymale liées à un dysfonctionnement des glandes lacrymales accessoires de Meibomius (qui jouent un rôle dans la constitution de la partie lipidique du film lacrymal). L'origine reste mal connue. Outre l'hygiène palpébrale et l'utilisation de larmes artificielles sans conservateur, les tétracyclines par voie orale sont efficaces.
• Maladie bulleuse oculo-cutanée
La pemphigoïde cicatricielle peut commencer par une conjonctivite chronique bilatérale, avec développement ultérieur de brides conjonctivales et risque d'opacification progressive de la cornée, avec une évolution vers la cécité.
D'après les communications des Drs J.-L. Michel (Saint-Etienne), B. Garnier (Saint-Etienne), P. Gain (Saint-Etienne), dans le cadre des Journées dermatologiques de Paris 2000.
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