L' APNEE obstructive du sommeil (AOS), caractérisée par des ronflements et des arrêts respiratoires (5 à 40 fois/heure), est en passe de devenir un problème de santé publique car elle touche aujourd'hui près de 4 % des hommes de plus de 40 ans. Au-delà des épisodes de somnolences diurnes qu'elle provoque, des conséquences cardio-vasculaires, encore mal connues, sont probablement à prendre en compte. Mais si le syndrome est de plus en plus fréquent, on ne sait toujours pas totalement l'expliquer. Une anomalie du vélopharynx, partie la plus étroite des voies aériennes supérieures, est souvent mise en cause. D'où l'origine de la chirurgie du pharynx avec ablation partielle de la luette et des parois latérales du pharynx.
L'étude rapportée dans le dernier numéro du journal de la Société européenne de pneumologie (ERS) est particulièrement originale.
IRM pendant l'endormissement spontané
Pour la première fois, les mouvements du larynx de 17 patients souffrant d'AOS ont été visualisés durant un endormissement spontané. Jusqu'à présent, ce type d'étude avait été mené sur des personnes éveillées ou endormies chimiquement, ce qui ne permet pas d'extrapoler car dans un tel sommeil, les muscles des voies respiratoires sont trop relâchés. Les patients apnéiques de l'équipe du Dr Juan à Valence ont été privés de sommeil pendant vingt heures puis installés dans le cylindre d'un appareil de résonance magnétique (IRM) avec une protection auditive pour ne pas être gênés par le bruit de la machine. L'état de sommeil était vérifié par l'apparition des ronflements et par l'absence de réponse aux questions régulièrement posées par les investigateurs. Seul 2 sujets n'ont pas réussi à s'endormir, de même que les 8 personnes saines qui servaient de témoin. Une image du larynx était prise toutes les 0,8 secondes dans le but de visualiser un élément clé de l'apnée du sommeil.
Vélopharynx : des variations importantes
En coupe transversale, le vélopharynx montre peu de variations chez le sujet sain éveillé (12 % entre l'ouverture maximale et minimale). En revanche, chez l'apnéique, les variations atteignent 57 % éveillé et jusqu'à 85 % endormi. Pour le Dr Juan, « l'AOS est liée à une anomalie de l'ouverture minimale du pharynx car l'ouverture maximale, à l'état de veille, est identique chez les sujets sains et apnéiques. Cela laisse supposer que les interventions destinées à élargir l'ouverture du vélopharynx sont inefficaces ».
Une anomalie de la forme du pharynx est également apparue chez les ronfleurs : celui-ci est plus circulaire qu'elliptique (sujet sain), en particulier pendant le sommeil quand l'activité musculaire lutte pour maintenir les voies respiratoires ouvertes. La double anomalie dynamique et morphologique contribuerait à affaisser les tissus autour des voies respiratoires. Les chercheurs espagnols pensent déjà à de nouvelles techniques chirurgicale qui éviteraient le fastidieux port du masque nocturne ou l'éventuel échec d'une chirurgie du larynx.
Dr Gustavo Juan et coll, « European Respiratory Journal », vol. 17, n° 1, 4 janvier 2001.
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