I MMERGES dans la population, les médecins partagent avec elle les mêmes représentations collectives, y compris sur des problèmes perçus de plus en plus comme étant « de santé publique ».
Mais alors, pour peu que leur formation initiale ait été en retard sur ces changements de représentation, leur pratique les conduit à anticiper la réponse à leur donner, même si cette réponse-ci n'apparaît pas encore clairement pour tout le monde.
Exemple pratique : les problèmes liés à l'alcool.
Autrefois (il n'y a pas longtemps), on aurait écrit : l'alcoolisme. Or, entre l'alcoolique à la Zola et le joyeux drille occasionnel à la Rabelais, il existe « tout un éventail de conduites intermédiaires que la plupart des médecins généralistes distinguent difficilement », rappelle le Dr Kiritzé-Topor (généraliste et alcoologue à Beaupréau).
Une enquête du Comité français d'éducation pour la santé (1998) a montré que 70 % s'estiment d'ailleurs « peu ou pas capables de prendre en charge des patients ayant des difficultés avec l'alcool ».
Les raisons en sont variées, mais, pour le Dr Philippe Bonet (généraliste et président de l'UNAFORMEC), il leur manque d'abord un certain nombre de « connaissances indispensables dans tous les domaines d'intervention (prévention, repérage, soins, utilisation des médicaments) ».
L'acquisition de ces « savoirs » peut leur permettre d'acquérir le « savoir-faire », lui-même préalable au « savoir-être » indispensable.
L'enjeu n'est pas mince. L'alcool est responsable de 8 % des décès annuels en France et son coût social de 1,5 % du PIB. Les « patients ayant un problème avec l'alcool » représentent 18,5 % des patients adultes des médecins généralistes. Parmi eux, un tiers sont alcoolo-dépendants. Or, il a été démontré que des interventions simples et légères (informations, conseils) étaient efficaces en prévention dans la majorité des cas. Par ailleurs, souligne le Dr Kiritzé-Topor, « le généraliste est le seul intervenant dont l'espace thérapeutique réunit toutes les composantes d'un patient : le corps, le psychisme, le social et la durée pour les gérer ».
Un questionnaire et huit thèmes de formation
L'ensemble de ces données rend compte du programme de FMC conçu par l'UNAFORMEC avec le soutien des Laboratoires DuPont Pharma. Le 9 avril, un courrier sera adressé à 30 000 médecins généralistes. Il comprendra un questionnaire permettant à chacun d'évaluer ses connaissances sur les problèmes liés à l'alcool. Les médecins le souhaitant recevront par la suite (juin) un second courrier, leur proposant huit thèmes de formation. Le contenu de ces thèmes a été rédigé par des généralistes en exercice et relu par un collège de praticiens (généralistes, psychiatres et alcoologues). Courant septembre, chaque médecin recevra le ou les thèmes choisi(s) accompagné(s) d'un questionnaire d'évaluation qui, rempli et renvoyé à l'UNAFORMEC, donnera lieu à un certificat de participation.
La participation d'au moins 5 000 généralistes est attendue. Le bon déroulement de cette première phase autorisera la mise en place ultérieure d'ateliers pratiques dans toutes les régions de France, afin que les médecins puissent échanger leurs expériences et, sans doute, construire le réseau de relations de plus en plus nécessaire à la prise en charge de toutes les pathologies réclamant de la durée.
Conférence de presse UNAFORMEC-DuPont Pharma : « Médecine générale et alcoologie ».
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