D EUX décès d'origine cardiaque se sont produits lundi 8 janvier à Chamonix, sur piste de ski. Les victimes, âgées de 74 et 51 ans, dont les antécédents ne sont pas connus, ont fait un accident cardiaque alors qu'elles skiaient à une altitude relativement modérée (1 800 m) et dans des conditions météorologiques non exceptionnelles (brouillard et neige avec une température plutôt élevée pour le massif du Mont-Blanc à cette époque de l'année).
Selon les statistiques du SNOSM (Système national d'observation de la sécurité en montagne) qui consigne l'ensemble des secours sur pistes effectués par les pisteurs secouristes sur le domaine skiable français (sur piste et hors piste), les causes non traumatiques ont représenté de 48 à 50 % des décès, sur les trois dernières années.
Une montée rapide à 3 000 m
Le Dr Emmanuel Cauchy, urgentiste et guide de haute montagne, explique comment Chamonix, où il exerce, est une illustration exhaustive des différents facteurs de risque liés à la pratique du ski. « La personne est confrontée à l'hypoxie quand elle monte rapidement à 3 000 mètres pour faire la Vallée blanche, par exemple, au froid, au stress psychologique (du voyage, des téléportés...) et à l'effort physique brutal, difficile, que peut représenter une descente dans la poudreuse par rapport à une piste damée. »
Mais les conditions dans lesquelles se sont produits les deux décès à Chamonix ne sont pas exceptionnelles. Que faut-il alors invoquer ? « Sur les 5 décès médicaux de l'an dernier, trois avaient des pathologies cardiaques répertoriées et deux étaient des accidents inauguraux. Le fait que les remontées mécaniques amènent de plus en plus vite en altitude et de plus en plus haut, est un élément à considérer. On a un nombre croissant de personnes âgées sur piste... mais c'est un signe de bonne santé ! Les personnes les plus à risque sont certainement les hommes (aucun cas répertorié de décès chez la femme), d'un certain âge (bien que l'on commence à voir des décès chez des plus jeunes) et surtout sédentaires. C'est classiquement le citadin qui ne fait pas régulièrement du sport, qui arrive stressé de son voyage et qui se lance sur les pistes. Un test d'effort avant le séjour en montagne serait tout à fait justifié et, dans tous les cas, il faut conseiller à ces personnes d'avoir un entraînement de fond. »
Une thrombolyse dans l'heure
Un point positif cependant, l'intervention sur piste est très rapide : « La probabilité d'avoir une thrombolyse dans l'heure est plus élevée que dans une grande ville, dans la majorité des cas, grâce au secours héliporté », a rajouté le spécialiste de la montagne.
Pour Le Dr Binet (Avoriaz), qui préside l'Association des médecins de montagne, « les décès d'origine médicale augmentent du fait d'une population de plus en plus médicalisée, mais les mêmes personnes feraient aussi leur accident cardiaque en plaine ». Le Dr Laporte (Les Angles) qui participe au comité de pilotage du SNOSM émet les mêmes réserves, « Sur les 35 ou 36 décès enregistrés l'an dernier dans les stations françaises (pour 7,5 millions de skieurs), 13 ou 14 étaient non traumatiques. Cela ne veut pas dire que tous étaient d'origine cardiaque car on ne connaît pas les causes exactes des décès. Il n'existe aussi aucune preuve statistique pour dire que la prévalence des infarctus est augmentée sur piste. Seule une étude cas témoin skieur/non skieur de deux populations comparables pourrait en faire la preuve. »
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