« Non, ce n’était pas le radeau de la méduse ce bateau… ». Avec Le Généraliste, nous avons commencé ensemble : octobre 1975 c’était mon premier remplacement chez William Junod, le fringant fondateur du syndicat des médecins de groupe alors que s’imprimaient les premières pages du Généraliste. Octobre 2015, le navire amiral de la presse pour médecins de famille, mis à flot par Édouard Bourreau, vogue toujours (et quand le bâtiment va, tout va). Et moi je rentre au port puisque, après 40 ans de services, je deviens « Carmfiste » avec encore un peu de cabotage médical pour garder les synapses « aware »…
Génération généralistes
Quarante ans de passions, de coups de gueule, d’engagements, d’imagination et je ne sais plus si avec ces mots je parle de moi ou de la revue, tant elle fut pendant des années une alliée sans faille soutenue par la vista, le culot, et la confiance qu’Édouard Bourreau portât à notre génération de généralistes. Les G d’or… le soutien à la FMC… les rencontres avec les ministres ou les directeurs de caisses… et puis, plus ludique, les virées en voiliers, les olympiades de la gastronomie, les marathons, l’escalades dans les falaises des corbières… Quelle époque, quelle ambiance… Et les 20 ans de la revue à l’arche de la défense avec THE buffet ! Jeunes confrères désolés pour vous, vous n’avez pas connu ça et ne le connaîtrez probablement jamais. On ne peut pas être et avoir été mais ce fut ce soir la très agréable d’avoir été. Il n’y a pas de nostalgie dans mes propos, pas de « c’était mieux avant », c’était une autre époque et c’est tout.
J’ai reçu à mon cabinet 75 internes et SASPAS en médecine générale indiscutablement mieux formés que je ne l’ai été dans mon propre cursus universitaire, mais 40 années sont passées, la place de la médecine et des médecins a changé dans notre société et aujourd’hui je ne me sens plus à ma place et je la cède. Malgré le peu d’enthousiasme des jeunes diplômés pour une installation en cabinet libéral, mes patients ont la chance de voir un successeur arriver pour prendre ma relève dans notre maison médicale, tous les Français ne pourront pas en dire autant…

Pendant quarante ans nous n'avons jamais cessé d'apprendre les uns aux autres et les uns des autres"
Pendant 40 ans nous n’avons jamais cessé d’apprendre les uns aux autres et les uns des autres ; imaginez qu’il y avait trois médicaments pour traiter l’HTA : le Catapressan®, l’Aldomet® et l’Hygroton®. Pas d’échographie pas de scanner pas d’IRM pas d’endoscopie… et pas de revue pour les médecins généralistes ! Tout ça a pris corps en même temps et la revue était là pour embrayer sur toutes les innovations. Depuis, la presse médicale a connu des tempêtes qui ont provoqué des naufrages. Qui reste à flot aujourd’hui ? Les meilleurs !
Certains ont leur rond de serviette dans un restaurant, j’ai eu pendant des années mon « rond de stylo » boulevard de Sébastopol et j’en remercie tous les « rédac chef ». J’ai eu ainsi la possibilité, dans les colonnes de la revue, d’être l’un des témoins de cette formidable aventure : 40 ans de traversée de la médecine à la française. En 2015 Il y a de nouveaux officiers sur le pont, de nouvelles destinations, de nouveaux passagers. « Le Généraliste » ? Fluctuat nec mergitur.
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