L'intérêt d'un traitement d'induction par interféron quotidien et ribavirine
U NE étude multicentrique française initiée par le Dr Pierre-Henri Bernard, CHU de Bordeaux, a permis de comparer trois groupes de traitement chez des patients atteints d'hépatite chronique virale C, jamais traitée au préalable. Le premier bras de 92 patients a reçu de l'interféron (INF alpha-2B) à la dose de 3 millions d'unités trois fois par semaine pendant un an (l'ancienne AMM), le deuxième bras de 114 patients a reçu de l'interféron à la dose de 3 millions d'unités trois fois par semaine, en association avec de la ribavirine (actuelle AMM). Le troisième bras de 115 patients a reçu de l'interféron à la dose de 3 millions d'unités tous les jours pendant trois mois, puis trois fois par semaine pendant six mois, en association avec de la ribavirine. La durée totale du traitement dans le troisième bras était donc de trente-six semaines contre quarante-huit semaines pour les deux premiers bras.
Une moindre durée de traitement
Les investigateurs se sont intéressés au troisième bras en vue de savoir si ce traitement d'induction par interféron quotidien et ribavirine pendant trois mois permettait d'obtenir une réponse identique ou meilleure par rapport aux traitements classiques par interféron trois fois par semaine associé à de la ribavirine. « Un autre intérêt de ce troisième bras, souligne le Dr Victor de Lédinghen, CHU de Bordeaux, est la durée inférieure du traitement (trente-six semaines) qui, pour une même dose d'interféron, permet de réduire la prise médicamenteuse pour le malade ainsi que le coût total du traitement. »
Les caractéristiques des patients étaient identiques dans les trois bras, notamment en ce qui concerne le génotype, puisque la moitié des malades étaient infectés par un génotype 1 et environ 30 % des malades par un génotype 3. En outre, la majorité des patients avait une charge virale importante, supérieure à 2 millions équivalent-génome/ml pour environ 70 % des malades. Enfin, seulement 5 à 7 % des malades avaient une cirrhose.
« A la fin du suivi, soit vingt-quatre semaines après l'arrêt du traitement pour les deux premiers bras et trente-six semaines pour le troisième bras, précise le Dr V.de Lédinghen, les résultats virologiques en intention de traiter font état de 25 % de malades répondeurs pour le premier groupe de patients, de 51,7 % pour le deuxième groupe et de 46,1 % pour le troisième groupe, c'est-à-dire une différence significative en termes de réponse prolongée pour les deuxième et troisième bras (avec bithérapie) par rapport au premier bras avec interféron seul, mais sans différence significative entre les deuxième et troisième bras ».
Amélioration de la fibrose dans les trois bras
Les investigateurs ne notent aucune différence significative au plan histologique entre les trois bras, avec une amélioration de la fibrose dans environ 40 % des cas dans les trois bras.
A la fin du traitement, les pourcentages de patients répondeurs sont de 34,8 % dans le premier bras, de 54,4 % dans le deuxième bras et de 57,4 % dans le troisième bras, c'est-à-dire seulement trente-six semaines après le début du traitement. « Là encore, remarque le Dr V. de Lédinghen, on note une différence significative de ces résultats en fin de traitement pour les deuxième et troisième bras (avec bithérapie) par rapport au premier bras (avec interféron seul), mais pas de différence significative entre les deuxième et troisième bras. »
Les investigateurs se sont ensuite intéressés à la réponse dans les sous-groupes, et notamment à la réponse virologique prolongée en fonction du génotype et de la charge virale. C'est ainsi que chez les patients de génotype 1, 4 et 5, le pourcentage de répondeurs à long terme est de 11 % dans le premier groupe, de 37 % dans le deuxième groupe et de 35,8 % dans le troisième groupe. Chez les patients de génotype 2 et 3 qui, a priori, répondent mieux au traitement, les résultats sont voisins, avec 39,5 % de répondeurs à long terme dans le premier groupe, 72,9 % dans le deuxième groupe et 66,7 % dans le troisième groupe. Il en est de même en cas de charge virale élevée (supérieure à 2 millions d'équivalent-génome/ml), puisque 15,6 % sont répondeurs à long terme dans le premier bras, 47,1 % dans le deuxième bras et 42,5 % dans le troisième bras. « Les résultats de cette étude, commente le Dr V. de Lédinghen, confirment, notamment chez les malades de génotype 1, 4, 5 et/ou ayant une charge virale élevée qu'un traitement d'induction par interféron en association avec la ribavirine permet, avec la même efficacité, de réduire le coût et la durée totale du traitement. »
D'après un entretien avec le Dr Victor de Lédinghen, CHU de Bordeaux.
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