Le niveau de risque conditionne les stratégies de dépistage
L ES apparentés au premier degré de sujets atteints de cancer colo-rectal constituent une population importante puisqu'ils représentent entre15 et 20 % de l'ensemble des sujets atteints de cancer colo-rectal. Il apparaît donc particulièrement important de pouvoir quantifier au mieux ce risque qui conditionne les différentes propositions de dépistage. C'est ce qui a été l'objet de l'étude menée par le Dr Anne-Marie Bouvier-Benhamiche, médecin épidémiologiste, (équipe INSERM, Dijon), à partir des données du Registre des cancers digestifs de la Côte-d'Or, ainsi que d'autres données récentes de la littérature internationale.
Les groupes à risque qui entrent dans le cadre d'un dépistage
Sur les trois grands groupes à risque de cancer colo-rectal, les groupes à risque très élevé des sujets porteurs de maladie familiale héréditaire (polyposes, syndrome HNPCC), représentent un problème marginal (au maximum 3 % des cas de cancer colo-rectal enregistrés) et ne font pas l'objet d'un dépistage dans ce type d'étude. En revanche, le groupe des sujets à risque moyen concernés par le dépistage de masse est représenté par les sujets des deux sexes âgés de plus de 50 ans. Les données permettent en effet de considérer que le risque pour ces sujets de développer un cancer colo-rectal avant l'âge de 75 ans est globalement de 4 %, soit une personne sur 25. Dans le groupe des sujets à risque élevé (de 15 à 20 % des cas enregistrés), qui concerne le plus souvent des apparentés au premier degré de sujets atteints d'un cancer colo-rectal, le risque est multiplié par 5 si les deux parents sont atteints (soit une personne sur 5) et il est multiplié par 4 si l'un des parents a eu un cancer avant 45-50 ans (soit une personne sur 8). « Autrement dit, explique le Dr A.-M. Bouvier-Benhamiche, un dépistage par endoscopie (coloscopie) peut être conseillé tous les cinq ans à ces sujets à partir de 45 ans et jusqu'à 75 ans. Après 60 ans, où le risque est modérément élevé (pas plus d'une fois et demie le risque moyen d'un autre sujet), la conduite à tenir est à discuter au cas par cas, après avoir informé les patients sur leur niveau de risque et sur les stratégies de dépistage disponibles ».
Les adénomes de plus de 1 cm sont à risque élevé
Pour les autres groupes de sujets à risque élevé, c'est-à-dire porteurs d'une maladie inflammatoire, on sait que le risque varie en fonction de différents critères, et notamment de l'âge au moment du diagnostic, de l'ancienneté de la maladie et de son étendue. L'attitude ne peut donc se discuter qu'au cas par cas. Enfin, dans le cadre des antécédents d'adénomes colo-rectaux, ces lésions ne sont considérées comme réellement précancéreuses que lorsqu'elles atteignent la taille de 1 cm. « A cet égard, remarque le Dr A.-M. Bouvier-Benhamiche, la plupart des données montrent que les apparentés au premier degré de sujets ayant des adénomes de plus de 1 cm sont à risque élevé, tout comme les sujets atteints de cancer. S'il est probablement nécessaire d'attendre d'autres données épidémiologiques avant de pouvoir réellement proposer une stratégie de dépistage à ces sujets, il semble légitime de leur proposer un dépistage lorsque leur risque devient significatif, c'est-à-dire après 50 ans. »
D'après un entretien avec le Dr Anne-Marie Bouvier-Benhamiche, équipe INSERM, Dijon, médecin épidémiologiste au Registre des cancers digestifs de la Côte-d'Or.
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