Traitement échoguidé par radiofréquence des tumeurs hépatiques : des premiers résultats encourageants
J USQU'À présent, le traitement des tumeurs hépatiques consistait à injecter localement de l'alcool, de l'acide acétique ou du sérum physiologique chaud. Aujourd'hui, la radiofréquence constitue un nouveau traitement percutané, fondé sur la thermodestruction. Elle utilise les ultrasons, avec des fréquences variant de 400 à 500 kHerz. Cette technique s'oppose à la cryochirurgie, qui ne peut être faite que par voie peropératoire et où les complications, notamment hémorragiques, sont plus fréquentes.
Des tumeurs primaires ou secondaires
Notre étude a évalué le traitement percutané par radiofréquence de patients présentant des tumeurs primitives ou secondaires du foie : moins de trois tumeurs de 3 cm de diamètre chacune ou une tumeur unique de moins de 6 cm. Les patients sélectionnés ne présentaient aucun trouble majeur de la coagulation. L'acte lui-même était réalisé sous anesthésie générale. Un appareil du type Radionics-Tyco, avec des électrodes refroidies par le sérum physiologique et des aiguilles de radiofréquence de 17 gauges, munies de capteurs de température, était utilisé. Une aiguille adaptée à la taille de la lésion ou trois aiguilles (cluster) pour les grosses lésions traversait la lésion de part en part et restait en place en moyenne 900 secondes. La température intratumorale devait être au moins supérieure à 65 °C en fin d'examen. Grâce à ce traitement, on arrive à détruire une tumeur hépatique dans 90 % des cas. Le but principal de cette étude était de mettre en évidence les facteurs pronostiques de réponse et de récidive des lésions après traitement.
Soixante-deux patients ont été traités : 50 % étaient porteurs d'un hépatocarcinome et 50 % de métastases de tumeur d'origine colo-rectale, mammaire, neuroendocrine et gastrique.
Cinq facteurs pronostiques
Les facteurs pronostiques mis en évidence ont été :
- le type de tumeur : les tumeurs primitives du foie répondent mieux que les métastases ;
- l'impédance de départ : plus elle est faible, plus la radiofréquence sera active. Globalement, les tumeurs dont l'impédance est inférieure à 80 vont avoir une réponse complète qui se maintiendra plus longtemps que les autres ;
- la température en fin d'examen : si elle est supérieure à 65 °C, la réponse aura plus de chances d'être complète et se maintiendra plus longtemps, avec un délai moyen de seize mois.
- le nombre de métastases : il vaut mieux traiter une lésion métastatique que deux ou trois ; et surtout, les métastases de tumeur mammaire et de tumeur neuroendocrine sont plus sensibles à la radiofréquence que les autres. Le problème des métastases est lié, non pas à la récidive locale, mais à l'apparition d'autres lésions sur le foie, voire à distance (poumons, os). La radiofréquence n'est qu'un traitement local et ne permet pas de contrôler l'évolution extrahépatique de la maladie.
- la réponse à la chimiothérapie : les patients répondeurs à une chimiothérapie ont eu une meilleure réponse et moins de métastases extrahépatiques que les patients non répondeurs ; ces derniers ne sont pas de bons candidats pour une radiofréquence.
Seule une complication sévère a été rapportée chez un patient porteur d'une métastase de tumeur neuroendocrine : un abcès hépatique qui a nécessité un drainage percutané, des antibiotiques et une hospitalisation. En conséquence, une antibioprophylaxie est faite systématiquement à tous les patients traités par radiofréquence.
Globalement, les résultats sont encourageants. A ce jour, 40 patients sur 62 sont vivants sans récidive à plus d'un an avec le seul traitement local. Chez les 22 autres, le traitement n'a pas été efficace : 10 patients n'ont pas obtenu de réponse complète et 12 ont récidivé, 5 localement et 7 ailleurs.
D'après un entretien avec le Dr Marc Giovannini, Marseille.
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