L'hémochromatose génétique concerne en France 5 personnes sur 1 000
L' HEMOCHROMATOSE génétique est une surcharge progressive en fer, liée à un dérèglement de l'absorption intestinale du fer, elle-même liée à une mutation C282Y sur le gène HFE. Elle est fréquente : en France, 5 personnes sur 1 000 dans la population générale sont porteurs d'une homozygotie C282Y.
La maladie évolue en quatre stades : un stade totalement asymptomatique, au cours duquel seul un test génotypique permettrait de repérer la maladie ; un stade biologique préclinique avec élévation du bilan martial - saturation de la transferrine et ferritine sérique - ; un stade d'expression clinique avec des signes fonctionnels à type d'arthropathie et de fatigue ; un stade de complications viscérales : cirrhose avec risque de cancer du foie, diabète, troubles du rythme cardiaque et insuffisance cardiaque, impuissance. Potentiellement très grave, cette maladie est relativement facile à diagnostiquer : les tests phénotypiques - saturation de la transferrine et ferritine sérique - sont relativement sensibles ; et le génotypage HFE avec recherche de la mutation C282Y est extrêmement puissant, puisque 95 % des sujets préalablement identifiés comme étant atteints d'hémochromatose génétique se sont révélés homozygotes pour la mutation C282Y.
Des soustractions sanguines répétées
Le traitement consiste en des soustractions sanguines répétées, permettant, lorsqu'il est appliqué précocement, une qualité et une espérance de vie identiques à celles de la population générale. Ainsi, un dépistage systématique de la maladie dans la population générale est tout à fait d'actualité. Deux réunions ont eu lieu à l'ANAES pour envisager la possibilité d'un tel dépistage : la première en 1995 et la deuxième en 1999, après la découverte du gène, qui a conclu qu'il fallait mettre en place des études pilotes sur la faisabilité de ce dépistage.
Cette étude a eu pour objectif de répondre à deux questions préalables à l'initiation d'un test de dépistage systématique : d'une part, quelle est l'expression de la maladie chez des homozygotes dépistés ? Et, d'autre part, quelle est la stratégie phénotypique qui permettrait de dépister cette homozygotie à un stade pauci- ou asymptomatique ?
En ce qui concerne l'expression de la maladie, les résultats ont montré que la totalité des hommes homozygotes exprime cliniquement et/ou biologiquement la maladie ; ils sont tous soit en phase biologique, soit en phase clinique. Quant aux femmes, un tiers d'entre elles n'ont aucune expression clinique, un tiers n'ont aucune expression biologique et sont même carencées en fer. De plus, on ne trouve pas de corrélation entre les signes cliniques et les signes biologiques de surcharge en fer chez les femmes. Seules des polyarthralgies distales, assez spécifiques de l'hémochromatose, sont retrouvées chez 18 % des femmes homozygotes dépistées, alors qu'elles ne concernent que 5 % de la population contrôle. De ce fait, on ne peut pas mener le dépistage de la même façon chez les hommes et chez les femmes.
Un dépistage différent chez les hommes et chez les femmes
Chez les hommes, la stratégie du dépistage est relativement simple et repose sur la saturation de la transferrine. Tous les homozygotes ont une saturation de la transferrine ≥ 50 %. Ce dépistage est relativement spécifique, puisque la spécificité est de 90 %. On fera le génotype de confirmation à moins de 10 % de la population masculine.
Chez les femmes, dépister l'ensemble des homozygotes est beaucoup plus complexe et nécessite l'algorithme suivant : il faut que la saturation de la transferrine soit ≥ 37 % avec une ferritine > 13 ou que la ferritine soit < 13. Cependant, la spécificité est moins bonne puisqu'elle est de 62 %. Ce qui signifie que, pour dépister toutes les homozygotes, il faut génotyper 40 % de la population féminine. En termes de coût/efficacité, il est vraisemblable que le dépistage génotypique chez la femme soit beaucoup plus rentable.
D'après un entretien avec le Pr Yves Deugnier, Rennes.
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