Gros conditionnements de médicaments

105 millions d’euros d’économie, selon la CNAM

Publié le 27/01/2010
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SELON LES CHIFFRES de la CNAM (Caisse nationale d’assurance-maladie), les médicaments en conditionnements de trois mois, prévus par la réforme de l’assurance-maladie de 2004 pour quatre pathologies chroniques (diabète, HTA, cholestérol, ostéoporose), ont permis une économie globale de 105 millions d’euros en 2009. Une enveloppe qui se répartit entre l’économie réalisée par l’assurance-maladie (58 millions d’euros), la diminution du ticket modérateur (22 millions partagés entre les assurés et les assurances complémentaires), et la baisse des franchises médicales (25 millions d’euros économisés par les assurés). Pour l’assurance-maladie, « si 60 % des traitements longue durée étaient délivrés en boîtes trimestrielles (actuellement, ils le sont de 19,8 % à 47 % selon la pathologie) , les économies atteindraient un total de 390 millions d’euros par an ». Une enveloppe substantielle à rapprocher cependant du coût médicamenteux des pathologies concernées. Les diabétiques français consomment annuellement un milliard d’euros de traitements, les hypertendus 2,7 milliards, et ceux souffrant d’hypercholestérolémie 1,4 milliard d’euros. L’assurance-maladie n’a pas fourni d’indications chiffrées sur le coût des traitements contre l’ostéoporose.

Les pharmaciens d’officine ne partagent cependant pas le point de vue de la caisse sur les économies permises par les gros conditionnements. En effet, selon une étude du syndicat USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine), qui a effectué un suivi de près de 21 000 patients visés par les gros conditionnements de l’une des quatre classes thérapeutiques, 23 % de ces mêmes patients ont changé au moins une fois dans l’année de molécule, de dosage, ou bien même arrêté le traitement. Le syndicat estime sur ces bases que les gros conditionnements, loin d’avoir permis des économies, ont fait perdre 35,8 millions d’euros aux caisses. Selon l’USPO, « il suffirait que 12 % des patients ayant opté pour les gros conditionnements ne finissent pas leur traitement pour que l’économie escomptée se transforme en gaspillage ». Mais il est vrai que l’opposition des pharmaciens aux gros conditionnements s’explique aussi par le fait qu’ils margent moins sur une boîte de trois mois que sur trois boîtes d’un mois.

Interrogé sur ce point, Frédéric van Roekeghem, patron de l’assurance-maladie, explique : « Nous percutons un peu les intérêts économiques [des pharmaciens, NDLR] avec ces gros conditionnements, mais la situation l’exige. »

 H.S.R.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8696