Le virus Zika progresse en Amérique du Sud et aux Caraïbes. Alors que la Martinique vient de passer le seuil épidémique, c'est-à-dire le niveau 3 du PSAGE (programme de surveillance, d'alerte et de gestion des épidémies) et que la Colombie prévoit plus de 600 000 cas en 2016, les États-Unis enregistrent les 3 premiers cas du virus en Floride, tous importés de personnes ayant voyagé en Amérique du Sud.
Risque de malformations
C'est dans ce contexte que les Centers for Disease Control and Prevention américains, les CDC, publient des recommandations pour les femmes enceintes en raison du risque de malformations congénitales en période d'épidémie du virus.
Le virus Zika, qui est transmis par le moustique Aedes aegypti, également porteur de la dengue et du chikungunya, expose les fœtus des femmes enceintes infectées à un risque de microcéphalie (périmètre crânien ≤ 33 cm), qui est associée à un retard mental de sévérité variable et à des troubles des acquisitions.
Au Brésil, où plus de 3 500 cas ont été documentés au cours des 4 derniers mois, le risque de microcéphalie relance le débat sur l'interruption de grossesse, qui n'est autorisée dans le pays que dans de rares situations (viols, anencéphalie, risque vital maternel). Devant la progression de l'épidémie, la Colombie a demandé aux couples d'éviter les grossesses.
Pour l'instant, aucun cas de contamination autochtone n'a été rapporté aux États-Unis. Mais le virus se propage très rapidement ces dernières semaines en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. La Colombie, qui est le 2e pays le plus touché derrière le Brésil vient d'annoncer ses prévisions pour l'épidémie, avec plus de 600 000 cas envisagés. À ce jour, 106 enfants sont nés de mères contaminées, dont 30 souffrant d'altérations neurologiques. Près de 560 femmes enceintes sont placées sous surveillance. Selon les dernières statistiques nationales officielles du 15 janvier, la Colombie compte plus de 10 830 cas confirmés de virus Zika et moins de 2 000 cas suspects.
Recommandations américaines
Les États-Unis ont ainsi appelé la semaine passée les femmes enceintes à éviter de se rendre en Guyane, en Martinique et dans une douzaine de pays touchés par l'épidémie de Zika. Les CDC viennent de publier des recommandations, qui demandent aux professionnels de santé de s'enquérir auprès de toute femme enceinte d'un voyage récent en pays d'endémie.
Les Américains recommandent que toute femme enceinte dans cette situation et qui présente au moins 2 symptômes évocateurs (fièvre, rash cutané, arthralgies ou conjonctivite) au cours du séjour ou dans les 2 semaines au retour, ou qui présente des anomalies échographiques (microcéphalie, calcifications intracrâniennes) doit être testée pour le virus Zika. La recherche du virus chez les femmes asymptomatiques et ne présentant pas d'anomalies échographiques n'est pas recommandée.
En l'absence d'antiviral spécifique, toute femme testée positive doit bénéficier d'une surveillance échographique et doit être adressée vers un centre de référence infectieux. Même si l'aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne sont pas prescrits en cours de grossesse, les autorités américaines précisent que ces molécules doivent être évitées, tant que la dengue n'est pas éliminée en raison du risque hémorragique.
En France, alors que la Martinique vient de passer au niveau 3 du PSAGE avec 102 cas confirmés et plus de 1 000 cas évocateurs, les recommandations du Haut Conseil de santé publique(HCSP) en particulier pour les femmes enceintes, sont attendues. En Martinique, une réunion organisée par la préfecture et ouverte « à l'ensemble des acteurs de la pédiatrie sur la question du suivi des femmes enceintes » se tiendra le mercredi 27 janvier.
Lire aussi notre article « Virus Zika : 19 pays touchés en Amérique du Sud et les Caraïbes, dont la Martinique et la Guadeloupe » (18/01/2016)
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