Un tiers des femmes dans le monde sont victimes de violences physiques, notamment sexuelles, a mis en garde l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport publié ce 9 mars. Non seulement, cette proportion ne fléchit pas depuis une décennie, mais elle pourrait même augmenter avec la pandémie de Covid-19, redoutent les experts internationaux.
Quelque 736 millions d'adolescentes et de femmes de 15 ans et plus ont ainsi été agressées, le plus souvent par leur partenaire, souligne l'OMS dans ce travail rendu public au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, et qui repose sur des données recueillies entre 2000 et 2018.
« La violence contre les femmes est un mal endémique dans tous les pays et toutes les cultures, faisant du mal à des millions de femmes et à leur famille », a dénoncé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'OMS.
La violence intraconjugale est la plus prégnante, touchant 641 millions de femmes. Néanmoins, 6 % de femmes ont été agressées sexuellement par quelqu'un d'autre que leur partenaire, une proportion probablement sous-estimée eu égard au tabou qui pèse sur le sujet.
Des violences dès l'adolescence
Ces sévices commencent souvent très tôt, alerte l'OMS. Un quart des adolescentes de 15 à 19 ans ayant été en couple ont été soumises à des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire.
« C'est une source d'inquiétude parce que l'adolescence et le début de l'âge adulte sont des périodes importantes pour la santé et le développement et pour bâtir les fondations de relations saines », insiste la Dr Claudia Garcia-Moreno, une des co-auteures du rapport.
Ce dernier met en évidence des variations selon les pays. Les pays pauvres connaissent des niveaux de violences faites aux femmes plus élevés que les pays plus riches, d'en moyenne 37 jusqu'à 50 %. C'est notamment le cas de l'Asie du Sud et de l'Afrique sub-saharienne, ou encore de l'Océanie, où 51 % des femmes de 15 à 49 ans sont victimes de ces agressions. Le sud de l'Europe, en revanche, affiche le taux le plus faible avec 16 %, suivi par l'Asie du centre (18 %) et de l'Est (20 %). « Peut-être parce que les femmes ont plus de possibilités pour sortir d'une relation abusive, avec plus d'accès à des services et des protections légales plus importantes », note l'auteure.
Une aggravation avec le Covid-19
Malgré l'absence de données consolidées, la pandémie, en forcant des centaines de millions de gens à se confiner et en déclenchant une crise économique mondiale, laisse présager une aggravation des violences, a commenté la Dr Garcia-Moreno.
« Les femmes qui étaient déjà maltraitées se sont retrouvées piégées dans cette situation. Soudain, elles sont plus isolées et continuellement en présence du partenaire qui les maltraite », a-t-elle déploré. Sans oublier les difficultés financières ou la présence des enfants à la maison, qui risquent d'exacerber les violences domestiques. Et la directrice exécutive d'ONU Femmes Phumzile Mlambo-Ngcuka d'évoquer « la pandémie de l'ombre » qu'est l'augmentation des violences toutes formes confondues contre les femmes et les jeunes filles.
Si la prévention des violences exige des mesures multidisciplinaires, « il y a urgence à réduire la stigmatisation autour de ce sujet, à former les professionnels, à interroger les victimes avec compassion et à déconstruire les fondements des inégalités de genre », a déclaré la Dr Garcia-Moreno, en soulignant l'importance de s'y atteler dès le plus jeune âge.
Tedros Adhanom Ghebreyesus a enfin appelé les gouvernements mais aussi les communautés et les individus à agir parce que, « contrairement au Covid-19, les violences faites aux femmes ne peuvent pas être stoppées par un vaccin ».
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