DIX ANS après sa création en 2002, le GIP ESTHER (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau) est devenue une structure incontournable de la coopération Nord/Sud en santé. « La petite ESTHER est devenue un interlocuteur écouté des géants internationaux qui lui confie leurs programmes », s’est réjouie le Pr Dominique Israël-Biet. La présidente du conseil d’administration du GIP a rendu un hommage appuyé au fondateur d’ESTHER, Bernard Kouchner, qui a lancé l’initiative : « Un outil novateur à l’heure où les traitements étaient au Nord et les malades au Sud », a-t-elle rappelé. Les partenariats hospitaliers et le compagnonnage entre professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, techniciens de laboratoire, administrateurs) ont ainsi permis d’améliorer l’accès aux antirétroviraux et l’amélioration des pratiques dans 19 pays d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes.
Des besoins persistants.
Le Sénégal a été l’un des premiers pays à intégrer l’initiative ESTHER en 2002. Les objectifs alors n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Cependant, a rappelé le représentant du ministre de la santé du Sénégal : « Les besoins de traitements sont persistants et les malades sont toujours en attente ».
Quelque 46 hôpitaux français et 173 établissements hospitaliers partenaires dans les pays d’intervention sont aujourd’hui mobilisés. Le GIP intervient aussi dans des actions de formation (35 000 personnes formées au sud en dix ans) et de prévention auprès des populations les plus à risque - orphelins, détenus, usagers de drogues, travailleuses du sexe et homosexuels. « Son mandat a été étendu au renforcement global des systèmes de santé », a souligné, le Pr Biet, afin d’assurer la qualité et la sécurité des soins.
Deux ans après sa création, ESTHER a développé des projets sur des financements autres que les subventions publiques - qui contribuent néanmoins à 48 % de ses ressources. Elle a ainsi pu compter sur des partenariats avec UNITAID, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’AFD mais aussi la mairie de Paris, sidaction ou l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites) et travailler avec l’OMS, l’ONUSIDA ou l’UNICEF.
« Ce modèle original qui a fait ses preuves, mérite d’être renforcé », a affirmé Pascal Canfin, rappelant que le gouvernement avait maintenu, grâce à la taxe sur les transactions financières, l’aide publique au développement, soulignant que « malgré les contraintes budgétaires, 72 % des Français souhaitent que l’aide publique au développement se maintienne ou même augmente ». Et d’ajouter : « C’est conforme à nos valeurs ... c’est aussi dans notre intérêt ». « Le développement, c’est la paix », a-t-il martelé.
Dans l’ADN du médecin.
La ministre de la santé a, elle, appelé à « la modernisation du système de coopération en santé ». Et « ce n’est pas un problème de ressources », a-t-elle lancé. « La coopération internationale est inscrite dans l’ADN du médecin français », a-t-elle ensuite précisé. De nombreux pays sollicitent l’expertise en santé de la France dans des domaines autres que le VIH. « Malheureusement, je suis dans l’obligation de refuser ces demandes », a-t-elle regretté évoquant notamment un programme diabète en Afrique. Pour « travailler ensemble encore mieux », la ministre préconise « la mise en place d’un opérateur plus large sur le modèle d’ESTHER, ancré dans le système de santé français et capable d’établir des coopérations avec de nombreux partenaires ». D’ores et déjà, la réflexion est lancée au sein des ministères de la Santé et des Affaires étrangères.
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