L’arrivée de deux nouvelles molécules permettant de traiter efficacement des patients atteints de tuberculose multirésistante (TB-MR) doit impérativement s’accompagner du développement de nouvelles combinaisons thérapeutiques, prévient Médecins sans frontières (MSF).
Après 50 ans sans qu’aucun nouveau médicament ne voie le jour dans le traitement de la tuberculose, deux nouvelles molécules ont été autorisées en moins d’un an : la bédaquiline (Janssen) par la Food and Drug Administration (FDA) en décembre 2012 et la délamanide (Otsuka) par l’Agence Européenne du Médicament en novembre 2013. Elles représentent pour le Dr Francis Varaine, médecin référent tuberculose à MSF, « un espoir réel pour les malades atteints de forme multirésistante qui étaient en total échec thérapeutique malgré un traitement extrêmement lourd ».
Seulement 25 % des cas sont diagnostiqués
L’OMS estime que chaque année, 450 000 nouvelles personnes développent une TB-MR dans le monde, dont 10 % sont atteints d’une forme ultrarésistante (TB-UR) pour laquelle l’isoniazide, la rifampicine, toutes les fluoroquinolones et au moins trois agents injectables de seconde ligne (amikacine, capreomycine ou kanamycine) sont inopérants. Plus inquiétants encore, on estime que moins de 25 % des cas de TB-MR sont diagnostiqués et que seul 1/5 des personnes atteintes a accès à un traitement.
Première étape
Le traitement des TB-MR est aujourd’hui extrêmement long (2 ans), lourd, mal toléré et au final très coûteux (entre 2 000 et 4 000 euros par patient), même en excluant les frais d’hospitalisation, d’examens et de suivi social. Malgré cela, le taux de succès thérapeutique est décevant (48 %), voire catastrophique pour les TB-UR (27 %). Si l’introduction de deux nouvelles molécules laisse augurer de perspectives encourageantes, elle n’en constitue pas moins pour MSF la première étape d’un processus qu’il est maintenant urgent de mettre en œuvre.
Les premiers résultats concernant l’usage de la bédaquiline dans cette indication montrent une efficacité certaine et ceux portant sur la délamanide, attendus très prochainement, devraient confirmer la tendance. Pourtant, explique le Dr Varaine, « leur introduction pendant 6 mois au sein du traitement classique ne l’empêche pas de continuer à être toujours aussi long et toujours aussi difficile à supporter pour les patients ». L’utilisation de ces nouvelles molécules dans les protocoles actuels ne constitue donc pas la solution, mais seulement une clé parmi d’autres qu’il reste à découvrir. D’ailleurs, pour le Dr Varaine, « il est illusoire de penser que l’on pourra traiter 400 000 à 500 000 cas par an de cette manière ».
Vers de nouvelles associations thérapeutiques
Le programme mené actuellement par MSF en Arménie sur une trentaine de patients atteints de TB-MDR montre que l’utilisation de la bédaquiline, à titre compassionnel, comme traitement de la dernière chance, a permis à certains d’entre eux qui n’avaient jamais été négatifs de le devenir. D’après F. Varaine, il s’agit là d’une « solution transitoire », car « beaucoup de pays n’ont pas de cadre réglementaire permettant ce type d’usage pour un médicament n’ayant pas encore été enregistré ».
L’urgence est donc désormais de pousser les industriels à enregistrer ces nouvelles molécules dans le plus grand nombre de pays, mais également et surtout de « développer de nouvelles associations de molécules, de nouvelles combinaisons thérapeutiques pour alléger la durée et la pénibilité du traitement ».
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