LE QUOTIDIEN - Quel bilan faites-vous de ces neuf années à la tête du CNS ?
Pr ROZENBAUM - Le CNS est un organisme très particulier puisque c’est une commission administrative mais sans représentant des administrations. Il est donc totalement indépendant mais n’a qu’un rôle consultatif. Le seul pouvoir qu’il a, est un pouvoir d’influence vis-à-vis de pouvoirs publics mais aussi des acteurs de la lutte contre le sida qu’il soit professionnel, médecin, soignant ou associatif. Quand je regarde le bilan, je trouve qu’une majorité de nos recommandations ont abouti peu ou prou et ont contribué à faire bouger les lignes. Le CNS a fini par avoir gain de cause sur un certain nombre de sujets même s’il a fallu du temps. L’avis sur le dépistage a été émis en 2006. Il a fallu attendre 2011 pour que le plan de lutte contre le VIH et les IST intègre la nouvelle donne dans le plan de lutte. Et encore aujourd’hui, on est loin du compte. Entre le plan énoncé et sa mise en pratique, il y a encore des hiatus importants. Sur le plan international, l’un des premiers avis a été celui sur la prise en charge des femmes enceintes dans les pays en développement. Nous avons pris le parti de dire qu’il fallait non pas faire la prévention de la transmission mère-enfant mais traiter les femmes. Là aussi Il aura fallu quelques années pour que cet avis devienne une recommandation internationale même si encore aujourd’hui le terme de prévention de la transmission mère-enfant persiste un peu trop à mon sens. C’est peut-être le côté le plus frustrant. Le temps nécessaire pour qu’un certain nombre de recommandations soient mises en pratique.
Le CNS a-t-il encore un rôle à jouer ?
L’objectif du CNS initial était de donner des avis aux pouvoirs publics sur tout ce qui concerne le sida et la société. L’image du CNS, il y a huit ans, était celui d’un organisme orienté vers les considérations éthiques. Elles sont toujours très importantes et cela reste un enjeu important mais le CNS s’est de plus en plus orienté vers les politiques publiques. La lutte contre le sida implique des décisions politiques importantes. Tant que les politiques n’auront pas pris la totale mesure de l’enjeu, je crois qu’un organisme comme le CNS, intégrant une vision globale est encore utile. Le combat continue.
La France a un nouveau gouvernement, qu’attendez-vous ?
Il ne faut pas faire de procès d’intention. Si l’on observe l’évolution depuis 30 ans que dure l’épidémie, on s’aperçoit que le clivage n’est pas gauche/droite. Il y a d’abord eu un président de gauche qui pas une fois n’a prononcé le mot sida. Il a accepté la création du CNS en 1989 mais ne s’est jamais personnellement impliqué. Son sucesseur réputé de droite en a fait une vraie cause et a été à l’origine du plaidoyer sur l’accès au traitement dans les pays en développement mais aussi de la création du Fonds mondial et de la taxe sur les billets d’avion. Des décisions emblématiques qui ne pouvaient être prises qu’au plus haut niveau de l’Etat. Son successeur, le président sortant a, lui, pris des mesures, pas très en phase avec les faits, en particulier sur la carte de séjour pour soins, qui rend extrêmement difficile aujourd’hui la prise en charge de certains malades. Maintenant il faut voir quel va être le positionnement du prochain gouvernement sur ce sujet. Il faut rester attentif. Il faut un engagement national, un engagement international. Il faut des moyens à la hauteur des besoins.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité