TOUTE LA DISCUSSION est née du changement de paradigme de la « troika », Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles et Fonds monétaire international. Les trois grands organismes ont constaté un peu tard que les politiques de rigueur budgétaire qu’ils ont imposées à la Grèce, à l’Espagne, à l’Italie, au Portugal, à la France et à Chypre détruisait la croissance et, en diminuant la création de richesse, empêchait ces pays de dégager des capitaux pour rembourser leur dette. La BCE, la Commission et le FMI se sont retrouvées dans une situation dont on n’a peut-être pas suffisamment signalé le ridicule : leurs meilleurs économistes s’étaient trompés. À quoi il faut ajouter l’incident déplorable causé par une étude signée par deux Américains, Carmen et Kenneth Rogoff, et selon laquelle, à partir d’une dette de 90 % du produit intérieur brut, la croissance s’arrête. Malheureusement, d’autres experts ont vérifié le contenu de ce travail et ils ont découvert que les chiffres sur lesquels il s’appuyait étaient faux.
Le coup de pouce de Krugman.
Soutenus par des hommes aussi prestigieux que le prix Nobel d’économie Paul Krugman, qui n’a cessé de dénoncer les politiques d’austérité, la gauche française suggère d’abandonner le programme de réduction des dépenses auquel le gouvernement s’est attelé cette année. Elle fait valoir, bien sûr, que l’austérité est la façon autoritaire qu’a la chancelière Angela Merkel de faire régner en Europe une discipline exclusivement allemande. Elle souligne le cas des États-Unis et du Japon qui récusent la rigueur. En d’autres termes, elle n’est pas hostile aux impôts qui accablent les classes supérieure et moyenne, mais elle n’aime guère une réduction des dépenses publiques qui entamerait le filet social. Enfin, elle rappelle que la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal se retrouvent dans une récession sans précédent.
Mais la France ne va pas mieux que les pays ci-dessus mentionnés. Le gouvernement a substantiellement augmenté les impôts en 2012 et continue à le faire en 2013, avec la baisse du quotient familial, et comme il le fera en 2014, avec la hausse de la TVA. Jusqu’à présent, il n’a fait que ça et il n’y aura rien d’austère ou de rigoureux dans son programme tant qu’il n’aura pas annoncé des réductions drastiques dans la dépense. Le principal résultat des hausses d’impôt, c’est une baisse du pouvoir d’achat des Français et une flambée du chômage (alimentée, entre autres, par une forte épargne de précaution). Si on obtient le même résultat avec ou sans austérité, le débat n’en vaut plus la peine.
Certes, on peut dénoncer le comportement irresponsable des organismes internationaux, qui changent d’idée sans trop se soucier des ravages qu’ils ont causés, mais la crise n’est pas née de la nullité des économistes, elle vient de l’endettement. C’est lui qu’il faut soigner d’une manière ou d’une autre. On nous dit : « Mais nous ne parviendrons jamais à rembourser 2 000 milliards ! ». Il ne s’agit pas d’aller signer un chéque demain matin à nos créanciers. Il s’agit de cesser d’emprunter pour n’avoir plus à payer -progressivement- que la dette existante, principal et intérêts. Il faudra des décennies. Mais nous pouvons donner au monde un signal de bonne santé dès aujourd’hui en montrant que nous jugulons désormais nos déficits. Nous ne l’avons pas encore fait. Nous avons même obtenu un délai de deux ans au nom du nouveau dogme. Le gouvernement souligne que la France emprunte à des taux d’intérêt très bas. C’est vrai, mais seulement parce que les borgnes sont rois aux pays des aveugles. Il vaudrait mieux renforcer notre position dans le domaine des emprunts.
NOUS N’ALLONS PAS SIGNER DEMAIN UN CHEQUE DE 2 000 MILLIARDS
Nous avons besoin de réformer le marché du travail, l’organisation de l’État et des collectivités locales, les retraites, l’assurance-maladie, et pas seulement parce qu’ils coûtent trop cher, parce qu’il y a une façon plus saine et plus intelligente de gérer le pays. L’objectif ultime reste néanmoins une diminution de la dépense alors que nous n’avons réussi qu’à atteindre le niveau européen le plus élevé de la pression fiscale sur la richesse nationale et que, voués à payer des retraites, la fonction publique, des élus innombrables, des soins pléthoriques, nous n’avons plus le moindre euro pour l’investissement, l’innovation, la création. Un dernier mot : les États-Unis sont en pleine rigueur, avec des coupes automatiques dans le budget fédéral. Le Japon a choisi la relance, elle semble lui réussir. Mais sa dette atteint déjà 240 % du PIB. Où croyez-vous que cela l’entraîne ?
› RICHARD LISCIA
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