Le Dr Jean-François Sztermer, 66 ans, a été entendu ce jeudi dans le cadre de son procès en appel, qui s’est ouvert à Paris le 12 novembre. Entre 2001 et 2006, près de 450 patients de l’hôpital d’Épinal traités pour des cancers de la prostate ont été victimes de surdoses de radiation provoquées par deux dysfonctionnements. Douze en sont morts, les autres souffrent de graves séquelles du système urinaire et anal.
Le Dr Sztermer a été condamné en janvier 2013 pour homicides et blessures involontaires, et non assistance à personne en danger à 4 ans de prison dont 18 mois ferme et 20 000 euros d’amende, peine semblable à celle de son collègue Michel Aubertel, également rejugé.
Alors qu’il s’était illustré par son mutisme lors de son premier procès, le Dr Sztermer a raconté sa version de l’histoire en se déchargeant en partie sur le radiophysicien Joshua Anah, condamné à trois ans de prison dont 18 mois ferme et à une amende de 10 000 euros pour homicides et blessures involontaires et soustraction de preuve, lui aussi rejugé.
Absence de suivi des patients
Jean-François Sztermer, qui a fait toute sa carrière au service de radiothérapie à l’hôpital d’Épinal, avait démissionné de son poste de chef de service début 2004, insatisfait des moyens budgétaires, tout en restant dans l’équipe. En mai, un nouveau protocole de soins est mis en place, pendant les vacances du nouveau chef. « La décision a été collective », assure le Dr Sztermer.
Une erreur répétée dans certains calculs de doses conduit à la surirradiation massive de 24 patients fin 2004. « Le radiophysicien avait donné toutes les garanties. L’erreur de calcul est de sa responsabilité exclusive. Je ne pense pas que j’aurais pu découvrir le problème », déclare le Dr Sztermer.
Un second dysfonctionnement, lié à la non-prise en compte des doses reçues lors de la prise de clichés de contrôle, touche un groupe de plus de 400 patients, qui subit des irradiations moins sévères.
Là encore, « j’avais demandé à Anah de faire les calculs, il a dit que c’était insignifiant », se défausse l’inculpé.
« Vous ne demandez pas à voir les chiffres, pour savoir ce que ça représente, faire les calculs ? » s’étonne le président Gérard Lorhos, qui fait également remarquer qu’un suivi des patients aurait permis de découvrir les premiers dysfonctionnements.
« Un traumatisme d’une violence extrême »
Mais les radiothérapeutes ne revoyaient pas leurs patients après traitement. Selon le Dr Sztermer, ils s’en remettaient aux urologues ou généralistes « qui connaissent parfaitement les effets secondaires de la radiothérapie ».
L’ancien radiologue s’est contenté « d’entendre et d’accepter le reproche » du non-suivi, avant d’évoquer sa douleur personnelle. « Ces accidents, quand je les ai découverts, ont été un traumatisme d’une violence extrême. Je sais que les patients ont beaucoup souffert, c’est le drame des patients, mais c’est aussi mon drame ».
Le procès court jusqu’au 12 décembre, au rythme de trois après-midi par semaine. Des victimes et proches de victimes ont également témoigné de leurs souffrances, et le Pr Jean-Marc Simon, radiologue à la Pitié-Salpêtrière, missionné dès 2007 pour le suivi des victimes, a été entendu comme témoin et expert.
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