Davantage de tabac et d'alcool dans l'agriculture, la sylviculture, la pêche ou la construction et le BTP, davantage de drogues, licites et illicites, dans l'hébergement, la restauration, les arts et spectacles… La consommation de substances psychoactives est très variable en fonction des secteurs d'activité, met en évidence le Baromètre de Santé publique 2017, publié ce 4 mai. L'enquête, réalisée entre le 5 janvier et le 18 juillet 2017, a sondé quelque 14 604 adultes actifs de 18 à 64 ans.
« Nos résultats révèlent des disparités entre secteurs d’activité, mettant ainsi en lumière les risques accrus au sein de certains secteurs en vue d’une éventuelle prévention ciblée », résume Viêt Nguyen-Thanh, responsable de l’unité addictions à la direction de la prévention de Santé publique France (SPF).
En moyenne, en 2017, 31,8 % des hommes actifs occupés fument quotidiennement contre 26,5 % des femmes actives occupées. Et près de 9 % des hommes déclarent une consommation quotidienne d'alcool (27 % une alcoolisation ponctuelle importante, API), contre 2,8 % des femmes (8 % une API).
Les résultats suggèrent des niveaux d’usage plus élevés que la moyenne dans les secteurs de l’hébergement et restauration, et des arts, spectacles et activités récréatives pour pratiquement tous les produits (hors alcool quotidien), chez les hommes comme chez les femmes. Le secteur artistique et événementiel est en particulier associé à des expérimentations de substances illicites plus fréquentes et des API plus élevées (surtout chez les hommes).
Le secteur de la construction, l'agriculture, la sylviculture et la pêche, affichent des niveaux d'usage de tabac et alcool importants chez les hommes (par exemple, 13 % d'ouvriers boivent quotidiennement, ils sont 19 % dans l'agriculture). C'est aussi le cas − et c'est une nouveauté par rapport aux précédents baromètres − dans les activités immobilières.
L'administration publique, la santé, l'enseignement, épargnés
À l’inverse, l'on observe des niveaux de consommation inférieurs à la moyenne dans l'administration publique (moins de tabac et de cannabis), l'enseignement (tabac, API déclarés par seulement 22 % des hommes), la santé humaine et l'action sociale (seuls 4 % des hommes y déclarent boire quotidiennement), l'information et la communication (tabac, alcool autour de 7 %), l'énergie (moins d'alcool quotidien, de MDMA/ecstasy/amphétamines) et les activités spécialisées, scientifiques et techniques (moins de tabac).
Autre fait notable par rapport au baromètre de 2010 : les usages de tabac et alcool dans les secteurs de l’industrie manufacturière (alcool, tabac) et du commerce (tabac) se rapprochent de la moyenne.
Une prévention nécessaire à l'échelle de l'entreprise
« Les conduites addictives ne sont pas uniquement une problématique personnelle, et leur prévention est aussi un enjeu managérial », commente le Dr Nicolas Prisse, président de la Mildeca.
C'est notamment le cas de l'alcool. Si une majorité des actifs (62 % des hommes, 78 % des femmes) déclarent ne jamais boire d'alcool au déjeuner, et près de 49 %, ne jamais prendre un verre au sortir du travail, près de 12 % des personnes actives considéraient que la consommation d’alcool au travail faisait partie de la culture de leur milieu professionnel (notamment dans l'agriculture, la construction, l'hébergement, les arts et spectacles).
Au-delà de la culture, les auteurs soulignent un lien avec l'âge (tout en indiquant qu'il ne suffit pas à expliquer les disparités selon les secteurs) : « les usages de substances psychoactives sont très liés à l’âge (...). C’est en particulier le cas pour l’usage de substances illicites et d’alcool chez les hommes dans le secteur des arts et spectacles, qui sont en moyenne plus jeunes que les hommes des autres secteurs », lit-on.
Selon le Dr Prisse, ces données scientifiques doivent susciter une prise de conscience de l'importance des consommations de substances psychoactives par les dirigeants et DRH. « Cette prise de conscience est d’autant plus nécessaire que les habitudes de travail ont été bouleversées depuis plus d’un an et que certaines fragilités se sont développées dans la population active », conclut-il.
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