Alors que se tient la semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose, le ministre de la Santé a lancé ce 12 mars les travaux d’élaboration de la stratégie nationale contre l’endométriose, qui devrait être présentée fin avril. C’est à la Dr Chrysoula Zacharopoulou, députée européenne et gynécologue, qu’Olivier Véran a confié cette mission d’élaboration qui sera menée en lien avec les associations de patientes, les professionnels de santé et les chercheurs. Pour elle, « cette stratégie marque un tournant important dans la reconnaissance de la maladie et dans la nécessité de mieux nous armer pour la combattre ».
« L’endométriose touche près d’une femme sur dix. Nous ne parlons donc pas d’un phénomène marginal ou isolé, nous parlons d’un phénomène de très grande ampleur, d’un phénomène massif, a souligné le ministre à l’occasion du lancement. Nous savons aussi que l’endométriose est la première cause d’infertilité en France ».
Impliquer le monde du travail et l’école
Un plan d’action national avait été engagé en 2019 par Agnès Buzyn, mais sa mise en œuvre a été compromise par l’arrivée du nouveau coronavirus. « Je souhaite aujourd’hui que nous puissions reprendre et amplifier les travaux, pour mieux combattre cette maladie », a poursuivi Olivier Véran.
Cinq axes ont déjà été définis dans cette nouvelle stratégie, articulée autour de la détection de l’endométriose, du parcours de soins, de la prise en charge, de la recherche et de la communication.
La lutte contre l’endométriose passe par une meilleure connaissance de la maladie. « Il faut commencer par éduquer les filles et les femmes et intensifier la formation des professionnels de santé que ce soit les médecins généralistes, les gynécologues, les radiologues, les médecins du travail, les infirmières scolaires », estime la gynécologue. Elle promeut également une approche transversale impliquant l’éducation, le monde du sport et le monde de l’entreprise, alors que les douleurs engendrées par l’endométriose peuvent être invalidantes et affecter le parcours scolaire et professionnel des femmes concernées.
« Nous devons permettre aux femmes d’être entendues par leurs médecins du travail et leurs hiérarchies afin qu’elles puissent bénéficier d’un accompagnement et d’une adaptation de l’organisation du travail », note la Dr Zacharopoulou.
La gynécologue plaide aussi pour que les règles et l’endométriose ne soient pas un tabou à l’école : « nous devons sensibiliser sur l’endométriose avec des outils d’évaluation des douleurs de règles à disposition des jeunes filles. En 2017, des affiches ont été envoyées dans les établissements scolaires. Nous devons poursuivre ces efforts ».
Renforcer la coopération européenne et internationale
Pour améliorer le parcours de soins des patientes et mieux les orienter, « il nous faudra généraliser les filières de prise en charge via nos ARS, sur le modèle de ce qui est aujourd’hui fait en Auvergne-Rhône-Alpes », avance Olivier Véran.
La Dr Zacharopoulou a par ailleurs mis l’accent sur le besoin de personnalisation des soins et l’importance de la qualité de vie à travers la prise en charge de la douleur et un accompagnement psychologique. « Nous devons nous pencher sur la question de l’accès à l’assistance médicale à la procréation pour les patientes, ainsi que la conservation de la fertilité », a-t-elle ajouté.
Concernant la recherche, le ministre de la Santé a salué « la constitution du groupe de travail dédié par l’Inserm et la création toute récente de la Fondation de la recherche pour l’endométriose ».
Enfin, la Dr Zacharopoulou a évoqué « le besoin d’une coopération européenne et internationale renforcée sur les sujets de santé, la crise sanitaire nous le prouve. Elle nous permettra d’échanger des bonnes pratiques et d’avancer ensemble sur la recherche ».
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