Plus d’un mois après le cri d’alarme de l’eurodéputée Europe Écologie les Verts Michèle Rivasi, neuf présidents de sociétés savantes de radiologie, de gynécologie-obstétrique, d’urologie et d’ultrasons* prennent la plume dans une lettre ouverte. Ils s’inquiètent de la relance actuelle de cette polémique qui constitue, à leurs yeux, « une source majeure de préoccupation pour les professionnels » et « de grande anxiété chez les patients ».
Accompagnée d’Alain-Michel Ceretti, président de l’Association de défense des victimes d’infections nosocomiales le LIEN et de scientifiques, Michèle Rivasi a remis en cause en juin l’avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) du 14 décembre 2007 sur les sondes endocavitaires (vaginales, rectales, transœsophagiennes). L’instance recommandait une décontamination de premier niveau (DNB) entre deux examens - utilisation de gaines marquées CE et lingettes - et non plus obligatoirement de deuxième niveau (DNI) (trempage ou ultraviolets), maintenue pour les cas de souillures ou de situations de geste à risque.
Si la polémique court depuis cette époque, malgré l’intervention de l’Académie de Médecine en décembre 2009 qui a validé ces recommandations, l’eurodéputée apportait lors de cette conférence de presse de nouvelles études pour éclairer la réalité du risque de contamination et demandait la révision des recommandations.
Remise en cause des données
Dans leur courrier, les présidents de sociétés savantes soulignent que ni les sociétés européennes de radiologie (ESR) ou d’ultrasons (EFSUMB), ni la fédération mondiale d’ultrasons (WFUMB) ne se sont prononcés sur le sujet. La raison ? « Ce n’est ni par négligence, ni par facilité, mais par manque de données objectives mettant en évidence la supériorité d’une autre stratégie contre le risque de transcontamination après une échographie diagnostique ER ou EV », écrivent-ils.
La députée Michèle Rivasi avait néanmoins mis en avant les résultats d’une étude menée aux Hospices civils de Lyon, publiée dans la revue « Plus One » en octobre 2012, qui chiffraient autour de 3 % les risques de contamination par le papillomavirus (HPV). En outre, elle avait donné la parole au Dr Sandrine Leroy (CHU de Montpellier, Institut Pasteur), qui a produit une méta-analyse, puis effectué une modélisation mathématique pour estimer le nombre de patients potentiellement infectés à la suite d’un examen.
« Deux de ces publications étaient financées par une société commercialisant un procédé de désinfection des sondes », accusent les sociétés savantes. « De l’avis même des auteurs, il est difficile d’estimer le risque de transcontamination par une modélisation mathématique, dans la mesure où de nombreuses incertitudes persistent en particulier sur la présence d’agents infectieux sur la sonde une fois revêtue de sa protection, dans les conditions réelles de pratique », poursuivent-elles.
Autre argument que les signataires mettent dans la balance, les procédures de décontamination des mains lors d’un toucher rectal ou vaginal semblent écartées de la polémique. Mais « Les procédures imposées aux sondes doivent-elles être supérieures à celles imposées aux mains ? » interrogent-ils.
Des études sur fonds publics
Les sociétés savantes demandent la réévaluation, par des études financées par les pouvoirs publics, sans conflit d’intérêt avec une société de désinfection des sondes, des procédures de désinfection et de manipulation des dispositifs. « Dans l’intérêt des malades, nos sociétés se sont engagées à travailler étroitement avec le HCSP et la société française d’hygiène hospitalière, avec des professionnels représentant les usagers », concluent-elles.
Pour l’heure, les sociétés signataires continuent de diffuser les recommandations actuelles et se portent garantes de leur application la plus stricte.
*Pr Grenier du Collège des enseignants de radiologie de France, Pr Pruvo de la société française de radiologie, Pr Hédon du collège des gynécologues et obstétriciens Français, Dr Dommergues, commission échographie du CNGOF, Dr Coloby, de l’Association française d’urologie, Pr Bessy de la Fédération française d’ultrasons, Dr Fontanges du Collège français d’échographie fœtale, Dr Niney, de la fédération nationale des médecins radiologues, Dr Béroud, du Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH).
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