Ralentissement de l’activité de dépistage du VIH en 2012, montée en puissance des TROD

Publié le 23/10/2013
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Crédit photo : S. Toubon

Le bilan que publie le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » confirme « que la recommandation de proposer le dépistage du VIH à l’ensemble de la population n’a pas été largement appliquée », soulignent ses auteurs Françoise Cazein et coll. L’objectif de cette stratégie prévue dans le Plan national de lutte contre le VIH/sida et les IST (2010-2014) et qui prévoyait un dépistage, hors de toute notion d’exposition à risque, était d’améliorer le diagnostic précoce et de réduire le délai entre l’infection et sa prise en charge. En 2012, les laboratoires ont réalisé en France 5,24 millions de sérologies VIH (+ 1 % non significatif), soit 80 sérologies pour 100 000 habitants. L’augmentation observée en 2011 ne se poursuit pas même si l’on constate une hausse de 5 % sur la période 2010-2012 (début de la recommandation). Le nombre de sérologies positives est en hausse (+ 5 %) par rapport à 2011 mais reste stable si l’on considère les deux dernières années.

En dehors des laboratoires, les données montrent que le nombre de sérologies pratiquées dans le cadre du dépistage anonyme, le plus souvent dans les CDAG (centre de dépistage anonyme et gratuit), est resté stable sur les deux dernières années (8 %). « En 2012, comme chaque année depuis le début de la surveillance, la proportion de sérologies VIH positives pour 1 000 réalisées dans un cadre anonyme est plus élevée que pour celles effectuées que dans un cadre nominatif confidentiel (respectivement 3,5 et 2,0 pour 1 000 tests en 2012) », indiquent les auteurs.

« Les laboratoires de ville ont un rôle important dans le dépistage en France », soulignent-ils. Ils rappellent que depuis 2007, les sérologies sont réalisées pour les 3/4 en ville et pour un quart à l’hôpital. Quant aux CDAG, ils continuent à dépister « une population plus exposée que celle qui recourt à une sérologie VIH dans un cadre non anonyme, comme en témoigne la proportion de sérologies positives toujours plus élevée que dans le reste du système de soins », expliquent-ils.

Bons résultats des TROD

La bonne surprise de ces données est que le dispositif des TROD (tests d’orientation diagnostique) réalisés en milieu associatif atteint son objectif : le dispositif concerne une population particulièrement touchée et éloignée du système de soin. L’activité monte en puissance puisqu’en 2012 les associations ont réalisé 31 700 TROD contre 4 000 en 2011 (bilan sur 4 mois, de septembre à décembre). En 2011, 32 associations avaient été retenues au terme du 1er appel à projet ; en 2012, 31 associations supplémentaires ont été retenues. Le public touché s’est diversifié. Alors qu’en 2011, les homosexuels constituaient 69 % des personnes dépistées, il ne représente plus que 40 % de ce même public en 2012, la part des migrants (30 %), des usagers de drogues (7 %), des prostitués (2 %) augmentant. Environ 30 % des personnes dépistées en 2012 n’avaient jamais fait le dépistage.

Quelque 332 tests se sont avérés positifs en 2012, soit 10,5 pour 1 000 tests. La moitié des tests positifs ont été effectués dans le cadre d’opérations hors les murs auprès de publics prioritaires avec un taux de positivité de 16,8 ‰ pour les homosexuels, de 10,6 ‰ pour les usagers de drogues et de 7,3 ‰ pour les migrants.

En accord avec les recommandations

Les nouvelles recommandations pour la prise en charge du VIH du groupe d’experts dirigé par le Pr Philippe Morlat et publiées le mois dernier tiennent compte des évolutions mises en évidence de ce bilan de l’activité de dépistage. Plutôt qu’un dépistage systématique, le rapport préconise un dépistage large mais ciblé, proposé par les médecins généralistes et les spécialistes lors d’un recours aux soins de personnes sans test récent. De même, il préconise de développer les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) en dehors des lieux traditionnels de dépistage.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr