Une semaine après la publication par l’ANSES de son nouveau rapport sur les radiofréquences, l’Académie nationale de médecine pointe la position « contradictoire » de l’agence qui recommande d’aller plus loin dans la réduction des expositions aux ondes mobiles malgré « l’absence d’effet sanitaire avéré » mise en évidence dans cette mise à jour de son expertise de 2009.
« On inquiète la population dans un dossier où il n’y a rien. Les utilisateurs de portable ont besoin de messages clairs », a estimé ce mardi le Pr André Aurengo lors d’un point d’actualité programmé en séance plénière de l’Académie. En effet, poursuit-il, ce nouveau « document de référence » de l’ANSES « confirme en tous points les conclusions du rapport de 2009 et la position de l’académie » sur le fait que « les quelque 2 600 études publiées sur ce sujet ne montrent aucun risque de cancer ou d’autres pathologies organiques dues à la téléphonie mobile ».
Des études contestables
Mais, « en contradiction avec le constat d’innocuité des radiofréquences », ces recommandations de l’ANSES, « sans justifications scientifiques », risquent « d’inquiéter inutilement les utilisateurs de téléphones portables », estime le Pr Aurengo. Ce message « ambigu », « largement relayé par les médias » repose pour l’essentiel sur les conclusions d’études, notamment INTERPHONE « très contestables », poursuit l’académicien. Ainsi, INTERPHONE souffre d’une « grave carence méthodologique » dans la mesure où « l’exposition aux radiofréquences a été évaluée suite à des interrogatoires portant souvent sur des expositions datant de plus de 10 ans ».
Il en résulte une incertitude sur les niveaux d’expositions qui n’est pas prise en compte dans l’analyse statistique. De plus si INTERPHONE fait notamment état d’un risque de gliome après utilisation du portable de 1 640 heures cumulées, cela concerne un sous-groupe de la cohorte avec « des usages de portables totalement invraisemblables à plus de 12 heures par jour », insiste le Pr Aurengo. « D’ailleurs, quand on élimine les personnes qui disent téléphoner plus de 5 heures par jour, il n’y a pas de risque dans l’étude épidémiologique », ajoute-t-il.
« Les experts sont un peu juges et parties »
Dans ce rapport de l’ANSES, « les experts sont un peu juges et parties », considère l’académicien. « Il y a une très grande indulgence vis-à-vis de certaines études épidémiologiques dont INTERPHONE et l’on peut se poser certaines questions dans la mesure où la présidente du groupe d’experts est la principale auteure de l’étude INTERPHONE et la présidente du sous-groupe épidémiologie est le premier auteur d’interphone France », pointe le Pr Aurengo.
Selon ce dernier, « le vrai danger du portable, ce sont les accidents de la circulation lorsqu’on est au téléphone ». Or, « ceci est traité en 10 lignes sur un rapport de plus de 400 pages ».
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