Entreprise spécialisée dans la santé des femmes (diagnostic, dépistage, chirurgie, etc.), Hologic a entrepris une enquête internationale qui a permis de calculer par pays un indice de la santé des femmes. Cet outil tient compte de la prévention et du dépistage de quatre maladies courantes (HTA, diabète, cancers, infections sexuellement transmissibles [IST]), des besoins fondamentaux (alimentation, logement), de la santé mentale, de la santé individuelle et du ressenti concernant les soins.
L'analyse des 120 000 entretiens, réalisés auprès de personnes de 15 ans et plus entre février 2020 et mars 2021, dans 116 pays et territoires, révèle que les besoins des femmes restent majoritairement non satisfaits. Le score de santé moyen est, en effet, de seulement 54 sur 100, avec des disparités considérables d’un territoire à l’autre (score de 36 sur 100 au Pérou, de 69 sur 100 à Taïwan, pays le mieux placé).
Seulement une femme sur trois dans le monde avait bénéficié au cours des 12 derniers mois d'une mesure de la pression artérielle, moins d'une sur cinq d'un dépistage du diabète, environ une sur huit de celui des cancers et moins d'une sur neuf d'un test diagnostique d'IST. Les deux tiers des femmes ont aussi reconnu que les violences domestiques étaient un problème répandu dans leur pays. Dans presque tous les pays, les plus mauvais résultats pour les scores de santé ont été observés chez les femmes enceintes avant l'âge de 19 ans.
Des Françaises moins satisfaites que les Européennes
En dépit d’une espérance de vie longue (85,6 ans en moyenne) et d’une part importante du PIB consacrée dans le pays à la santé (11,3 % en 2017), les femmes françaises (518 réponses) sont moins nombreuses que la moyenne européenne à juger l'accès aux soins satisfaisant (71 % contre 85 %). Neuf pour cent d’entre elles considèrent aussi que les femmes enceintes ne reçoivent pas des soins de qualité. Par ailleurs, les taux de dépistage déclarés sur les 12 derniers mois ne sont que de 6 % pour les IST, 13 % pour le cancer, 17 % pour le diabète, 47 % pour l'HTA en France.
Commentant ces chiffres, lors d'une table ronde organisée par Hologic le 13 janvier, la Dr Amina Yamgnane, gynécologue-obstétricienne à l'hôpital américain de Paris, a jugé « inacceptable qu'un dixième des femmes se déclarent insatisfaites du suivi de grossesse, même si celui-ci est souvent bien organisé en France », rappelant l'importance « de s'intéresser, après la sécurité physique des femmes enceintes, à leur sécurité psychique ». La dépression du post-partum « est probablement davantage responsable de morts féminines que les hémorragies liées à l'accouchement », a-t-elle souligné. Ceci exige de disposer de davantage de moyens humains pour développer l'accompagnement psychosocial nécessaire.
« Le chiffre très bas de dépistage des IST en France devrait conduire à reprendre les campagnes de sensibilisation en milieu scolaire, ce d'autant que Santé publique France vient de rapporter une recrudescence de ces infections », a estimé la Dr Léa Delbos, gynécologue-obstétricienne au CHU d'Angers. Il faut aussi renforcer la prévention concernant les cancers, notamment le dépistage du cancer du col de l'utérus. « Actuellement, 40 à 45 % des femmes françaises concernées par ce dépistage ne suivent pas les recommandations : frottis tous les trois ans entre 25 et 30 ans, puis entre 30 et 65 ans test HPV tous les cinq ans », a déploré la Dr Delbos.
Autre point, 79 % des femmes françaises estiment que les violences domestiques sont un problème répandu en France, un chiffre plus élevé que la moyenne européenne. Pour la Dr Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne et médecin cheffe de la Maison des femmes de Saint-Denis, « ce chiffre ne reflète probablement pas une augmentation importante des violences, mais l'émergence du sujet dans l'espace public ». Les professionnels de santé sont aujourd’hui plus sensibilisés. « Il faudrait qu'ils s'intéressent désormais davantage aux hommes agresseurs pour les accompagner », a-t-elle souligné.
Lors de cette table ronde du 13 janvier, Marie-Pierre Rixain, députée LREM de l'Essonne et présidente de la Délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, s'est félicitée de la résolution votée à l'Assemblée le même jour, visant à reconnaître l'endométriose comme affection de longue durée. « La prise en charge de cette maladie devrait être améliorée avec la mise en place prochaine d'un comité de pilotage et la réalisation d'une étude épidémiologique de grande ampleur », a-t-elle précisé.
D'après une conférence et un dossier de presse d'Hologic
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