Alors que la Mairie de Paris s’apprête à présenter dans les prochaines semaines un plan d’envergure pour améliorer la qualité de l’air, des mesures inédites alertent sur la concentration de l’air en particules ultrafines.
Elles résultent d’une expérience unique au monde menée pendant 18 mois dans le 15e arrondissement de Paris pour mieux connaître la qualité de l’air des Parisiens.
Situé dans le parc André Citroën, le ballon de Paris* dont l’objectif initial est de faire voler des passagers à 150 mètres de haut, s’est transformé, depuis mai 2013, en un véritable laboratoire volant mesurant, sept jours sur sept, la quantité de particules ultrafines du sol jusqu’à 300 mètres de hauteur.
Ce projet résulte d’une collaboration entre la Mairie de Paris, Airparif, Generali, le CNRS et Aérophile. « Peu de travaux portent aujourd’hui, sur les particules ultrafines de l’air (diamètre compris entre 0,2 et 1 micron). Pour pouvoir les identifier et les compter en permanence, nous avons installé le LOAC (light Optical Aerosol Counter), un instrument aéroporté sur la nacelle du ballon de Paris », souligne Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS (Orléans).
Les résultats de cette étude sont édifiants : au cours d’une journée standard, les Parisiens respirent environ 200 000 particules ultrafines par litre d’air (1 respiration équivaut à un demi-litre d’air). Ces particules - potentiellement les plus nocives - sont 200 fois plus nombreuses que celles comprises entre 1 et 10 microns. Pis, lors des pics de pollution - en décembre 2013 et mars 2014, par exemple - il y a 5 à 15 fois plus de particules ultrafines dans l’air (principalement carbonées) que lors d’une journée standard.
Des effets avérés sur la santé
L’épisode de pollution de décembre 2013 est particulièrement intéressant car si les particules supérieures à 1 micron étaient comparables à une journée standard, celles inférieures à 1 micron étaient, en revanche, très nombreuses, avec une moyenne de 3 millions de particules ultrafines tout au long de la journée. Le record a été atteint le 13 décembre avec un pic à 6 millions de particules ultrafines.
« Cette situation est comparable à celle du tabagisme passif. Nous avons, en effet, effectué un test en laboratoire montrant que la fumée de huit cigarettes dans une pièce d’environ 20 m2 produit autant de particules. Nos travaux ne sont, toutefois que la partie émergée de l’iceberg puisque nous n’avons pas mesuré les particules inférieures à 0,2 micron », précise Jean-Baptiste Renard.
La pollution atmosphérique, notamment celle liée aux particules contribue au développement de pathologies chroniques (infarctus du myocarde, affections respiratoires cardiovasculaires, cancers) pouvant conduire à l’hospitalisation, voire au décès. « En France, 42 000 décès prématurés par an sont liés à l’exposition chronique aux particules fines, soit une perte de l’espérance de vie de huit mois », rappelle Jean-Félix Bernard, président d’Airparif.
L’effet des particules dépend de leur taille. Les grosses particules (supérieures à 5 microns) s’arrêtent dans la région nasopharyngée ; celles comprises entre 1 et 5 microns, dans la région trachéobronchiale alors que les particules ultrafines peuvent atteindre les régions bronchiolaire et alvéolaire et y persister. « Elles peuvent également franchir les barrières biologiques, se retrouver dans la circulation sanguine et atteindre d’autres organes, ce qui explique notamment leur impact cardiovasculaire », conclut Sabine Host, chargée d’études Environnement et Santé à l’Observatoire régional de santé Ile-de-France.
* Ballon non polluant, sans moteur dont l’enveloppe est remplie d’Hélium : www.ballondeparis.com
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