PLFSS : « Non, la Sécurité sociale n'est pas sauvée ! », selon Arnaud Robinet, député LR

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Publié le 25/10/2016
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Crédit photo : AFP

LE QUOTIDIEN : La Sécu est-elle « sauvée » comme l’annonce la ministre de la Santé ?

ARNAUD ROBINET : Non, la Sécurité sociale n'est pas sauvée ! Il y a bien une amélioration des comptes. À cet égard, nous récoltons les fruits de la réforme des retraites menée par la droite en 2010 avec le report de 60 à 62 ans de l’âge légal du départ à la retraite. Mais les chiffres présentés par le gouvernement (400 millions d'euros de déficit en 2017, NDLR) sont incomplets. Ils ne tiennent pas compte du déficit du Fonds de solidarité vieillesse (FSV) qui sera toujours de 3,8 milliards d’euros en 2017. Et la dette sociale s'élève toujours au-delà de 150 milliards d’euros ! Surtout, les mesures annoncées pour améliorer les comptes ne résoudront en rien les problèmes du système de santé. Ce PLFSS n’a vraiment rien d’extraordinaire. Ce budget de la Sécu ressemble à ses prédécesseurs. Il ne comporte aucune mesure structurante.

Avec un plan d'économies de quatre milliards d’euros pour l'assurance-maladie, le gouvernement en demande-t-il trop aux acteurs du secteur de la santé ?

Le problème, c'est que le gouvernement a une approche uniquement comptable et idéologique. Il utilise encore comme variable d’ajustement l’industrie du médicament qui sera mise à contribution à hauteur de deux milliards d’euros. Ces économies vont rapporter un peu à court terme mais elles risquent de coûter énormément sur le long terme à la France et à la qualité de notre système de santé, au détriment des effectifs.

De surcroît, on impose des baisses autoritaires de tarifs en ville mais on ne résout pas les problèmes de fond des hôpitaux. Je suis favorable à une meilleure efficience de l’hôpital public. Aujourd'hui, des établissements peinent à établir des budgets à l’équilibre… Certaines sources d’économies sont toutefois intéressantes, comme la poursuite du virage ambulatoire ou la mutualisation dans le cadre des GHT.

D'autres mesures sont salutaires mais trop tardives, comme la hausse de 15 % du prix du tabac à rouler. On ne peut pas se targuer de faire une politique de prévention et attendre le dernier PLFSS pour réformer…

Le comité d'alerte sur les dépenses maladie a émis des réserves sur la construction de l’ONDAM 2017. Les professionnels doivent-ils craindre pour leurs revalorisations ?

Le gouvernement a annoncé qu'il honorerait les revalorisations qui représentent 400 millions d’euros pour les médecins libéraux et 700 millions d’euros pour les personnels hospitaliers en 2017. Je considère d'ailleurs que ce dernier PLFSS du quinquennat est électoral ! D’un côté, le gouvernement réclame à l’Assurance-maladie des économies considérables, d’un niveau jamais atteint. Et de l'autre, il engage des dépenses pour les revalorisations consenties aux médecins et au personnel hospitalier. Mais ne nous y trompons pas : le gouvernement donne d’un côté ce qu’il prend de l’autre.

Quels sont les leviers à actionner pour dégager des économies et réformer le système de santé ?

Il faut restaurer la convergence tarifaire, la règle du jeu doit être la même pour les établissements publics et privés. Nous voulons aussi réinstaurer les trois jours de carence dans la fonction publique supprimés en 2012. Nous devons éviter la taxation des entreprises du médicament en cas de croissance négative et accélérer le développement de la télémédecine. Il faut enfin encourager davantage l‘automédication qui permettrait, selon les études, d’économiser 600 millions d’euros chaque année. Renforçons le rôle du pharmacien et évitons les consultations de bobologie qui engorgent les cabinets médicaux.

Propos recueillis par Christophe Gattuso

Source : lequotidiendumedecin.fr