On est confondu par tant d’imprudence, celle de M. Fillon qui est allé voir un homme qui, certes, fut son secrétaire d’État aux Affaires européennes mais occupe désormais un poste-clé auprès du président de la République ; celle, surtout, de M. Jouyet qui, non content d’avoir bavardé avec M. Fillon, un des chefs de l’opposition, le dit tout bonnement au « Monde » et accepte que la conversation soit enregistrée. Disons-le tout net : si ces deux personnages n’avaient aucune mauvaise intention, leur amateurisme est consternant. Comme le dit bien Claude Bartolone, président de l’Assemblée, la France n’est pas en guerre civile et il est normal et souhaitable que la majorité et l’opposition se parlent. Pour autant, elles ne peuvent pas soulever n’importe quel sujet. M. Bartolone se félicite, un peu vite, de l’absence totale d’ingérence du pouvoir dans l’évolution des affaires judiciaires : il faudra qu’il la démontre.
S’il ne l’a pas déjà fait, M. Jouyet, qui a reconnu, après l’avoir nié (pénible revirement), que non seulement il avait eu une rencontre le 24 juin avec M. Fillon, mais que l’affaire Bygmalion et le paiement par l’UMP de la somme réclamée par le Conseil constitutionnel à Nicolas Sarkozy avaient été bel et bien évoquées, devrait démissionner. Car il est embourbé dans ses propres contradictions : il aurait parlé à M. Hollande d’une intervention éventuelle du pouvoir auprès de la justice et le chef de l’État aurait, évidemment, rejeté une telle proposition. Si c’est vraI, on se demande comment M. Jouyet, qui a occupé des fonctions très élevées, a pu concevoir un seul instant qu’une ingérence du gouvernement dans le déroulement d’une instruction qui ne concerne même pas la gauche fût envisageable. Et quel besoin avait-il en tout cas d’en parler aux journalistes du « Monde » ?
Sérieuses conséquences.
Les conséquences du scandale sont immenses. Il porte un coup à François Fillon, dont la carrière politique sera terminée si la diffusion de l’enregistrement confirme les propos révélés ; et même s’il est absous par le même enregistrement, son rendez-vous avec M. Jouyet pose des questions sans réponse qui ne l’aideront pas à vaincre ses adversaires au sein de l’UMP, de M. Sarkozy à M. Juppé. Tous les éléments sont réunis pour que la désaffection populaire à l’égard de la classe politique s’aggrave, pour que droite et gauche soient renvoyées dos-à-dos, pour que ce qui les opposerait en apparence soit perçu comme un écran cachant leurs arrière-pensées et leur collusion. M. Bartolone a tout à fait raison de dire dans l’absolu que des passerelles, en bonne démocratie, doivent exister entre un camp et le camp adverse. Mais si c’est pour fomenter des complots bannis par la loi et par l’éthique, il vaut mieux que droite et gauche ne se voient pas.
Bien entendu, le Front national, le seul gagnant dans cette déconfiture politique, se réjouit bruyamment du scandale. Il y voit la preuve de ce qu’il avance depuis longtemps, à savoir que l’UMP et le PS, c’est la même chose, qu’ils sont unis par la « pensée unique » et une connivence étroite. Droite et gauche auront donc encore perdu des électeurs à la faveur de ce nouveau scandale. Même ceux qui ne voteront jamais pour le FN se demandent aujourd’hui pourquoi ils devraient se rendre aux urnes alors que se multiplient les soupçons de manœuvres, de manipulations, de complots en coulisses. La tentation sera grande, pour l’électorat, de choisir un homme ou une femme considérés comme providentiels. Une personne, en tout cas, dont ils estimeront qu’elle est capable de sortir ce pays non seulement de la crise, mais ausis du cloaque.
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