Le taux de naissances gémellaires a augmenté significativement au cours des 30 dernières années, atteignant un niveau record dans les années 2010. En cause, le déploiement de l’assistance médicale à la procréation et des grossesses survenant à un âge maternel plus avancé, selon une étude parue dans « Human Reproduction ».
L’étude a été menée par Gilles Pison, chercheur au Musée de l’homme et à l’Institut national d’études démographiques (Ined), en collaboration avec Christiaan Monden de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) et Jeroen Smits de l’université Radboud (Pays-Bas).
Un taux de gémellité en Afrique élevé mais constant
Les trois chercheurs ont étudié les taux de naissances gémellaires au cours de la période 2010-2015 pour 165 pays (soit 99 % de la population mondiale). Pour 112 de ces pays, les informations étaient aussi disponibles pour la période 1980-1985. Ils ont constaté que pour 74 de ces 112 pays, l’augmentation du taux de naissances gémellaires était supérieure à 10 %. Globalement, entre les deux périodes, le taux est passé de 9,1 naissances gémellaires pour 1 000 accouchements à 12/1 000.
L’Afrique reste le continent comptant le taux le plus important de naissances gémellaires (17,1 pour 1 000 sur la période 2010-2015), suivi de près par l’Amérique du Nord (16,9), l’Océanie (14,8) et l’Europe (14,4).
En comparant les deux périodes, des augmentations importantes ont été enregistrées en Europe (taux passant de 9,1 à 14,4), en Amérique du Nord (de 9,9 à 16,9) et dans l’Océanie (10,1 à 14,8). En revanche, en Afrique où le taux de gémellité a toujours été élevé, la tendance a peu changé (passant de 16,5 à 17,1). En Asie, le taux est passé de 7 à 9,2 et en Amérique du Sud, de 8,7 à 9,3.
« Nos résultats montrent que les taux de naissances gémellaires ont récemment atteint un pic historique, avec des taux de plus de 15 jumeaux pour 1 000 accouchements dans de nombreux pays, dont les États-Unis, le Canada, l’Union européenne, Israël, la Corée du Sud, Taïwan et presque tous les pays africains », détaillent les auteurs.
Un problème de santé publique
Les pratiques d’AMP et l’âge plus tardif de la maternité (associé à un risque accru d’avoir des jumeaux) en Europe et en Amérique du Nord ont fait converger les taux de gémellité vers ceux observés en Afrique.
Pour les auteurs, cette augmentation des naissances de jumeaux représente un problème de santé publique, alors que ces grossesses multiples sont à risque : « les accouchements de jumeaux sont associés à des taux de mortalité infantile et juvénile plus élevés et à des complications accrues pour la mère et l’enfant pendant la grossesse, mais aussi pendant et après l’accouchement ».
Ces risques ont entraîné une prise de conscience dès les années 1990 et ont amené de nombreux pays à changer les pratiques d’AMP en termes de transfert d’embryons dès les années 2000 afin de limiter les grossesses multiples, et ce d’autant que les progrès médicaux permettent désormais des taux de réussite satisfaisants avec le transfert d’un seul embryon. Du fait de ces changements, les auteurs s’attendent à ce qu’un pic ait été atteint, et que le taux de naissances gémellaires tende à diminuer au cours de la prochaine décennie.
À noter que seul le taux de naissances hétérozygotes varie, le taux de naissances homozygotes étant constant à travers le monde (quatre paires de « vrais » jumeaux pour 1 000 accouchements). Plus de 1,6 million de naissances de jumeaux ont lieu chaque année dans le monde (soit 3,2 millions d’enfants concernés).
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