« En France, on estime qu’il y a 2,2 morts subites par jour sur les terrains de sport. Mais elles sont certainement sous-estimées », indique Michel Rieu, conseiller scientifique de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), auteur d’un rapport de l’Académie de médecine avec Patrice Queneau, doyen honoraire de la faculté de médecine de Saint-Etienne. Ont-elles un lien avec le dopage ? « On ne le sait pas », déplore-t-il. Si l’hypothèse d’une ingestion de produits dopants ne lui paraît pas « naïve », Michel Rieu refuse toutefois les conclusions hâtives. « Mais on n’a jamais intérêt à masquer la vérité », prévient-il.
Parmi les recommandations du rapport sur le dopage (votées unanimement), l’Académie demande que tout décès sur un terrain de sport soit obligatoirement suivi d’une autopsie comportant un examen anatomo-pathologique, toxicologique et génétique. Faute d’investigations poussées dues à l’absence d’autopsie systématique, « on ne peut pas y voir clair », regrette Patrice Queneau.
L’Académicien, qui travaille actuellement à l’élaboration d’un protocole précis de l’autopsie avec des médecins légistes, espère que cette proposition sera enfin entendue des pouvoirs publics. Ces informations pourraient ainsi permettre d’alimenter un observatoire des accidents et complications liés au dopage.
Indépendance des médecins
Face à l’enjeu de santé publique qui dépasse le cadre du sport de haut niveau et touche également les amateurs dont certains, mineurs, il faut « réaffirmer la compétence de l’Etat pour développer une politique volontariste de prévention du dopage », indique Patrice Queneau. À ce titre, l’Académie estime nécessaire de réintroduire dans le Code de santé publique les articles du code du sport se référant à la lutte contre le dopage et à la protection de la santé du sportif.
Autre point important : garantir statutairement l’indépendance des médecins vis-à-vis des fédérations sportives et des ligues professionnelles. L’Académie estime que « l’indépendance des médecins dont l’activité est placée sous l’autorité des directeurs techniques nationaux reste précaire. Ainsi, leurs interventions, quand elles risquent de troubler la stratégie de préparation du sportif mise au point par les cadres techniques, ne sont pas toujours bien tolérées. De même, dans certains cas, leurs réticences à vouloir apporter un support médicamenteux ayant pour but d’aider le sportif à supporter des charges d’entraînement de plus en plus lourdes indisposent ». Alors qu’il existe des modèles de contrats respectant la déontologie des médecins, ceux-ci ne sont pas mis en œuvre, regrette Michel Rieu.
Les académiciens souhaitent également que le calendrier sportif soit allégé et que la compétence des fédérations internationales soit limitées. « En effet, de trop nombreuses épreuves de niveau national, voire régional, impliquant beaucoup d’amateurs, s’abritent derrière un statut d’extraterritorialité de fait pour échapper aux règles anti-dopage contraignantes définies dans le code français du sport », expliquent-ils. Enfin, outre le développement de la recherche (sur les nouveaux produits dopants notamment), ils plaident pour la mise en place d’une formation approfondie sur le dopage, à destination de tous les éducateurs mais aussi des professionnels de santé. Face aux excès dans un sens comme dans l’autre, le Pr Queneau défend l’idée « d’un bon usage du médicament ».
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