L’impact des particules fines sur la mortalité, même à des taux faibles, se confirme en France

Publié le 06/01/2015
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Crédit photo : S. TOUBON

Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) publie les chiffres du Programme de surveillance air et santé (Psas) de l’Institut de veille sanitaire (InVS) sur la période 2007-2010 avec huit villes supplémentaires portant à 17 le nombre d’agglomérations urbaines incluses. Le constat qui y est fait confirme les précédents. Les particules fines PM10 (diamètre inférieur à 10 microgrammes), même à des concentrations réglementaires (40 microgrammes/m3) et inférieures, augmentent la mortalité non accidentelle à court terme, quelques jours après l’exposition.

17 agglomérations urbaines

Les 8 villes supplémentaires, « sélectionnées sur des critères de population (≥ 100 000 habitants) et de disponibilité de données environnementales », permettent une meilleure représentation géographique. Ont participé les agglomérations de : Bordeaux, Dijon, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse et Lens-Douai.

Les 17 villes totalisaient plus de 15 millions d’habitants, dont 43 % à Paris. Paris représentaient 37 % des décès toutes causes observées. Les températures annuelles variaient de 10,4 °C (Rouen) à 16,1 °C (Nice). En moyenne annuelle, aucune ville ne dépassait la valeur réglementaire européenne de 40 microgrammes/m3, mais seule Dijon respectait la valeur guide de l’OMS fixée à 20 microgrammes/m3. Les concentrations moyennes étaient plus faibles en été et plus élevées en hiver, respectivement de 21 microgrammes/m3 et 30 microgrammes/m3 en moyenne, sur l’ensemble des 17 villes.

L’été, une saison à risque

Une augmentation de 10 microgrammes/m3 de PM10 du jour et de la veille (lag 0-1) et des 2 à 5 jours précédents (lag 2-5) se traduit par une augmentation de 0,51 % de la mortalité non accidentelle. L’effet des PM10 est plus important aux lags 2-5, sauf en été. En été, une augmentation de 10 microgrammes/m3 se traduit par une augmentation de 1,30 % de la mortalité non accidentelle le jour suivant.

Le plus fort impact se trouve pendant l’été, en particulier pour la mortalité cardiovasculaire (aux lags 0-1 et 2-5) et pour la mortalité non accidentelle (au lag 0-1). Pour les auteurs, « en été, une partie de l’effet attribué aux PM10 pourrait provenir de l’ozone et non de la chaleur ». Mais il se pourrait qu’il existe malgré tout des « synergies entre l’effet de la température et des PM, soit en exacerbant des mécanismes physiopathologiques, soit en modifiant l’exposition (temps passé à l’extérieur, ouverture des fenêtres...) ». L’étude plaide pour la diminution des niveaux de particules fines en France, « tant (pour) les pics que (pour) les niveaux de fond ».

BEH 1-2, daté du 6 janvier 2015

Dr Irène Drogou

Source : lequotidiendumedecin.fr