Dans le cadre de sa grande consultation* sur l’avenir du système de santé (de septembre à décembre), l’Ordre national des médecins a fait étape à Lille, vendredi soir, pour prendre le pouls des praticiens libéraux de la région, au moment même où les députés votaient à Paris la réforme du tiers payant généralisé !
Dans les rangs clairsemés de l’amphithéâtre de l’institut Gernez-Rieux, les médecins présents affichaient clairement leur mécontentement, et même leur colère, exaspérés par la poursuite de l’examen de la loi de santé à l’Assemblée nationale et le vote du tiers payant dans une relative indifférence. « Il faut une résistance civile et un boycott de la grande conférence de santé », a lancé un médecin généraliste en zone rurale, donnant le ton des débats.
Humanisme
S’estimant déconsidérés (« Le pouvoir ne veut plus de nous, surtout les libéraux »), menacés dans leur exercice même (« les mutuelles vont nous prendre notre déontologie »), les praticiens exprimaient également de la souffrance. « On s’achemine vers une médecine à l’anglaise : cinq minutes par patient puis l’orientation vers un spécialiste. Les médecins vont perdre le cœur de leur métier, l’humanisme », a déploré un praticien.
« Que fait l’Ordre dans tout ça ? La cotisation est bien chère en comparaison du service rendu ! », a pesté un autre. Tout le monde en a pris pour son grade, y compris les syndicats, accusés de ne plus représenter la profession.
Démission des ordinaux, déconventionnement
Certains échanges témoignent du malaise. Un médecin affilié à MG France a tenté d’exprimer son point de vue, interrompu par une salve de sifflets et d’invectives. Ambiance... Invités ensuite par le secrétaire général du CNOM, le Dr Walter Vorhauer, à faire des propositions sur la place du médecin dans le parcours de soins, les participants ont renvoyé l’Ordre dans ses cordes. « À vous de trouver des réponses ! », a fulminé un médecin libéral, avant de suggérer la démission générale de tous les membres de l’Ordre pour déstabiliser les pouvoirs publics. Son voisin suggère à tous les médecins de se déconventionner, une proposition qui trouve un large écho, du moins à l’applaudimètre.
Le généraliste qui écope...
Les médecins généralistes, nombreux, sont les plus virulents. « Nous sommes les amortisseurs des insuffisances du système de soins, déplore un jeune praticien d’Armentières, très remonté. Le week-end, lorsque les spécialistes ne sont pas joignables, ce sont les généralistes qui doivent gérer. Nous sommes aussi les amortisseurs vis-à-vis de la Sécurité Sociale : lorsque celle-ci met des mois à renouveler une carte Vitale – quand il faut moins d’une semaine pour refaire une carte bancaire – c’est le généraliste qui écope de toute la paperasse ». Et de déplorer les délais de trois mois pour un rendez-vous en psychiatrie, les relations compliquées avec l’hôpital dont les services sont souvent « injoignables » ou certains spécialistes qui n’écrivent plus de courriers aux généralistes… Avant de conclure : « Le système est malade ! »
Si les médecins semblent à bout, certains y croient encore. « Entre médecins, nous devons nous renforcer pour construire un système de soins ». « Mais où est passée notre confraternité ? » interroge, un participant.
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