Les 2es Assises Nationales sur les violences sexuelles

Les multiples complications des violences sexuelles

Publié le 26/01/2015
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Crédit photo : PHANIE

Comme le rappellent les Drs Violaine Guérin (présidente) et J. L.Thomas (vice-président), cette enquête présente plusieurs biais (absence de groupe témoin, échantillon non représentatif de la population générale…) mais elle a le mérite de fournir des données chiffrées dans un domaine où l’on en manque cruellement, singulièrement en France.

La population étudiée comporte 100 personnes (91 femmes et 9 hommes) âgées, en moyenne, de 42,7 ans. 91 % ont subi des attouchements et 74 % un viol ; dans 88 % des cas, il s’agissait d’agressions multiples ayant débuté à 9,5 ans et duré 8,5 ans ( !).

L’enquête montre la réalité de l’amnésie post-traumatique puisque la prise de conscience survient, en moyenne à 20,1 ans. Si 97 % des victimes affirment avoir parlé des violences subies à quelqu’un, une procédure judiciaire n’a été lancée que dans 21 % des cas (à noter que dans 21 % des cas, une telle procédure n’a pu être lancée en raison de la prescription).

Des troubles psychiques et physiques

Premier constat, les troubles psychiques sont très fréquents dans cette population : dépression (75 %), tentatives de suicide (31 %), troubles du sommeil (45 %) et du comportement alimentaire (50 % de boulimies et 35 % d’anorexies).

Les troubles somatiques sont davantage méconnus mais tout aussi fréquents, à commencer par les douleurs chroniques (64 %), dominées par les douleurs musculo-squelettiques (80 % environ). Les affections dermatologiques (44 %) et gynécologiques (46 % des femmes) sont également fréquentes, tout comme les allergies (50 %). D’autres symptomatologies (céphalées migraines) sont également rapportées par un quart des victimes. D’une façon générale, de très nombreuses pathologies sont retrouvées de façon non anecdotique, comme les affections ORL (37 %) et endocriniennes (28 %).

Mobiliser les praticiens

Cette liste à la Prévert montre l’importance d’une formation et d’une mobilisation des praticiens, en priorité, bien sûr, pour participer à la prévention des violences sexuelles mais aussi pour effectuer un dépistage actif de ces violences et de leurs conséquences médico-psychologiques.

D’autant que, comme le montrent plusieurs exemples, une prise en charge adaptée précoce et relativement courte peut aider ces victimes.

Stop aux violences sexuelles, 23 rue Vernet, 75008 Paris. www.stopauxviolencessexuelles.com

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du Médecin: 9381