Pour éliminer la filariose, une maladie tropicale qualifiée de « négligée » par l’OMS, l’approche consistant à utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticides pourrait constituer un moyen efficace, comme le démontre une étude menée en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La filariose lymphatique (Wucheria bancrofti, Brugia malayi et B. timori) affecte environ 120 millions de personnes sur les continents africain, asiatique, américain et dans le Pacifique, avec un tiers des individus handicapés ou défigurés (lymphœdème des membres, éléphantiasis, hydrocèle).
L’équipe de Lisa Reimer et James Kazura rapportent que l’usage des moustiquaires, largement distribuées dans une cinq villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée réduit la transmission de W. bancrofti à un niveau indétectable.
En complément des anti-filaires
La filariose est hautement endémique en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pour l’éliminer, des mesures d’administration annuelle de médicaments anti-filaires dans la population ont été prises. Une étude des mêmes auteurs avait été réalisée après cinq ans de cette stratégie. Ils ont constaté que le parasite est très diminué, mais que la transmission par les moustiques n’est pas stoppée. Des tests chez les moustiques montraient qu’ils contenaient toujours des niveaux élevés de parasites, dix ans après les campagnes d’anti-filaires.
Uns stratégie complémentaire à l’aide des moustiquaires imprégnées d’insecticides a été testée. « En Afrique sub-saharienne et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les anophèles transmettent à la fois W. bancrofti et le paludisme, nous avons eu l’opportunité d’intégrer l’élimination de la filariose lymphatique au programme de contrôle du paludisme, où la maîtrise du vecteur est un composant essentiel. »
Les enfants et les femmes enceintes
Des moustiquaires imprégnées de deltaméthrine ont été distribuées en 2009 afin d’équiper les lits de 80 % de la population, dans des villages où avaient eu lieu les campagnes d’administration de médicaments anti-filaires, en veillant particulièrement à la couverture des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes.
Une analyse entomologique avec la quantification de la prévalence des microfilaires dans les moustiques a été réalisée.
L’équipe observe 36 mois après une réduction très significative du nombre moyen des piqûres de moustiques infectés. Le taux de détection des W. bancrofti dans les anophèles a chuté de 1,8 à 0,4 %. « Le taux annuel de transmission de larves potentiellement infectantes est passé de 5 à 325 larves infectantes inoculées par personne par an, à zéro après la distribution des moustiquaires », relèvent les auteurs. La probabilité d’arrêt de transmission est largement augmentée, commentent Kazura et coll., ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une éradication de la filariose.
Les moustiquaires portant un insecticide d’une part empêchent les anophèles femelles de piquer et d’autre part réduit de moitié la durée de vie des moustiques.
Un médicament préqualifié par l’OMS
Pour la première fois, l’OMS a préqualifié un médicament pour le traitement de la filariose. Il s’agit de la diéthylcarbamazine (DEC) sous forme de tablettes à 100 mg. Eisai Pharmaceuticals, le laboratoire Japonais qui le fabrique, s’est engagé à donner 2,2 milliards de tablettes de DEC sur une période initiale de 6 ans.
La préqualification par l’OMS, dans le cadre de ses Programmes de préqualification médicaux, était l’étape nécessaire avant que le don puisse être réalisé. La vérification que le produit répond bien aux standards internationaux de qualité a été réalisée dans un temps rapide, inférieur à 10 mois.
Esai et l’OMS vont travailler de concert pour s’assurer que les pays où le médicament est nécessaire le reçoivent bien.
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