Résultats contradictoires, méthodologies divergentes, manque d’études ayant un long suivi... La revue de la littérature menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (ANSES) n’a pu trancher sur plusieurs des nombreuses questions posées dans son évaluation des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants intenses.
L’ANSES parvient à la conclusion que la consommation de ces produits de substitution du sucre « n’a pas d’effet sur les paramètres glycémiques à court et moyen terme chez le sujet sain ou chez le sujet diabétique, » bien que « quelques études ont rapporté une légère variation de la sécrétion de GPL-1, mais sans répercussion sur la sécrétion d’insuline ». Elle ne constate pas non plus de bénéfice de la consommation d’édulcorants sur la prévention de la prévention de l’apparition du diabète de type 2.
Pas d’effets à long terme
Constatant des résultats très hétérogènes, l’ANSES estime que « les études les plus robustes ne rapportent pas d’effet » sur le risque d’apparition d’un diabète de type 2, contrairement à ce que laisse suggérer certaines études qui avaient alimenté le débat.
En outre, si des études ont montré que l’utilisation de ces édulcorants en substitution des sucres diminue l’apport énergétique à court terme, il n’existe aucune donnée sur les effets à moyen et long terme. Concernant l’effet des édulcorants pris lors de la petite enfance, aucune étude ne permet de statuer sur l’existence d’un effet propre sur le développement du goût et des préférences alimentaires.
Enfin, l’agence estime qu’il n’est pas possible de conclure quant à l’effet à long terme de la substitution des sucres sur le poids d’adultes consommateurs réguliers de produits au goût sucré.
Ni risque ni bénéfice
Dans ses recommandations, l’ANSES estime donc qu’il n’y a pas « d’effet bénéfique permettant de recommander la consommation régulière d’édulcorants chez l’adulte et l’enfant ». Elle estime également qu’il n’existe pas de surrisque de migraines ou de crises d’épilepsie lié à la consommation régulière d’édulcorants même si certaines études aux limites méthodologiques importantes ont suggéré un tel lien. Le surrisque de cancer semble en revanche non existant au regard de la littérature actuelle.
Concernant la femme enceinte, l’ANSES confirme les constatations de sa note d’étape dans laquelle elle estimait que la consommation d’édulcorant pendant la grossesse ne présente ni risque ni bénéfice.
Pas de changement des doses journalières acceptables
Cette expertise de niveau européen, la première du genre, est le fruit de la collaboration entre l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’ANSES, et fait suite à une auto saisie de l’agence du 30 juin 2011. À l’époque, l’ANSES avait émis un avis examinant deux nouvelles études portant sur d’éventuels effets sanitaires liés à l’aspartame et l’acésulfame de potassium.
Elle avait alors sollicité l’EFSA pour que celle-ci participe à a révision de la dose journalière admissible de l’aspartame initialement prévue en 2020. À l’issue de cette première révision, il n’a pas été jugé utile de remettre en cause les doses journalières admissibles des différents édulcorants intenses qui sont, dans la très grande majorité des cas, bien supérieures à la consommation moyenne.
L’ANSES et l’EFSA avaient néanmoins mis sur pied un groupe d’étude afin d’évaluer les bénéfices et les risques nutritionnels des édulcorants intenses.
Un manque d’études de bonnes qualités
L’ANSES conclut son avis avec des recommandations concernant les futures études, suggérant notamment de mener des travaux de plus long terme, de prendre en compte l’évolution des consommations des volontaires tout au long du suivi et de se pencher sur des populations spécifiques telles que les femmes enceintes, les enfants et les sujets diabétiques.
Elle note également la surreprésentation des études menées aux États-Unis, et plaide pour la réalisation de travaux en France, qui rendent compte des comportements alimentaires qui lui sont propres.
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