Les associations saluent les évolutions du plan Addiction mais restent sceptiques sur le pénal

Publié le 23/09/2013
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Crédit photo : AFP

Les associations du secteur ne nient pas les avancées qu’apporte le plan de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 élaboré par la nouvelle présidente de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), Danièle Jourdain-Menninger et dévoilé la semaine dernière.

Elles saluent d’abord un changement de méthode par rapport à la présidence précédente, assurée par Étienne Apaire et portée sur le volet sécuritaire. « À l’inverse du dernier plan et de son ancien président sourd à toute avancée sur la réduction des risques, la consultation a été large, les associations du secteur ont eu leur mot à dire, et un certain nombre de leurs revendications ont été satisfaites », reconnaît le réseau français de réduction des risques.

Le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques, comme l’inhalation, le patch transdermique, et des traitements de substitution aux opiacées (TSO) à demi-vie courte, est plébiscité.

Des sources de satisfaction

Les associations sont aussi satisfaites du renforcement du dispositif de réduction des risques actuel. Le réseau français de réduction des risques cite le développement des dispositifs mobiles CAARUD et l’envoi postal de matériel pour les usagers éloignés des structures et une meilleure disponibilité du matériel de réduction des risques (automates).

Il juge « prometteur » la volonté de sortir la réduction des risques de son isolement, avec le développement des bus et de la médiation avec le voisinage, des formations communes pour les personnels de la justice, de la police et de la santé, et des actions en direction des jeunes notamment sur internet.

La Fédération addiction voit aussi « une évolution forte » dans le renforcement des actions qui « vont vers » (l’outreach) les familles, les jeunes, les femmes : la relance des consultations jeunes consommateurs, le développement de l’intervention précoce, l’attention à l’univers du travail, l’intervention en milieu festif, la prévention dans les CSAPA, le soutien aux médecins et pharmaciens dans leur rôle de repérage précoce.

Manque d’ambition

AIDES se montre en revanche beaucoup plus critique en regrettant l’absence de mesures sur l’accès aux seringues en prison et sur l’éducation à l’injection que l’association, avec Médecins du monde et l’agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS) expérimente depuis 2011. Cette éducation est l’une des conditions sine qua non de réussite de l’expérimentation de la salle de consommation à moindre risque évoquée dans le plan.

« Les salles de consommation, les programmes d’échanges de seringues en prison, la substitution injectable sont des interventions qui ont fait leur preuve. Il faut avoir le courage politique d’assumer l’évidence scientifique et d’anticiper les futures avancées dans le domaine de la R&D » assure Bruno Spire, le président d’AIDES.

In fine, les associations contestent le silence sur la loi de 1970. « Le dogme de l’interdit pénal, dominant durant la période 2007-2012 et dont les dernières enquêtes épidémiologiques ont illustré l’échec, n’est pas abandonné » estime Fédération Addiction. « La réflexion sur le statut pénal des stupéfiants dans de nombreux pays, y compris en Europe, sur la réponse graduée, n’a pas droit de citer en France. L’usager simple continuera d’être inutilement pénalisé » regrette aussi le Réseau français de réduction des risques.

 COLINE GARRÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr