ON MESURE, une fois de plus, le rôle excessif que s’arrogent les agences de notation qui, loin de disposer d’un mandat pour juger les politiques économiques des États, se conduisent comme les puissants comptables de leurs recettes et de leurs dépenses. Standard and Poor’s avait déjà dégradé la note des États-Unis au début du mois d’août. Le gouvernement fédéral américain a néanmoins continué à emprunter sur les marchés à des taux très bas. Il n’est donc pas certain que la « mise sous surveillance négative » de la zone euro augmente les difficultés de ses États-membres. En France, la décision de S&P a été accueillie avec un certain sang-froid alors que les Allemands hurlaient leur colère : l’Allemagne est effectivement le pays de la zone euro dont les paramètres financiers sont les meilleurs, même s’ils ne sont pas excellents dans l’absolu. Les Français obtiennent la consolation du pauvre : il n’y a plus de bon élève en Europe.
La pluie et le beau temps.
Objectivement, S&P vole au secours de la politique économique que la France et l’Allemagne veulent imposer au sommet européen d’aujourd’hui et de demain. Tant que les agences de notation ne seront pas réformées ou même fermées par les États qu’elles jugent, elles continueront à faire la pluie et le beau temps. La dégradation éventuelle de la note des Dix-Sept (elle sera plus prononcée pour la France que pour l’Allemagne) met les partenaires de Paris et de Berlin devant le fait accompli : ou bien ils acceptent de parvenir à l’équilibre budgétaire dans un délai raisonnable (et en présentant des dispositions propres à accomplir ce projet), ou bien ils emprunteront à des taux rédhibitoires qui risquent de les conduire à la faillite. Le gouvernement français fait remarquer que la mise sous surveillance négative n’aboutira pas nécessairement à une dégradation de sa note. Il pourrait ajouter qu’il ne paierait pas forcément des taux d’intérêt plus élevés au cas où il perdrait son triple A. Il n’empêche que la France est engagée dans une voie extrêmement étroite : dès lors qu’il faut abandonner tout espoir d’avoir un prêteur du dernier ressort qui maintiendrait les taux à un niveau très bas, il n’y a pas d’autre choix que le retour à l’équilibre budgétaire dans les délais les plus courts. Ce qui pourrait entraîner un troisième plan d’économies avant l’élection présidentielle ; de nouvelles réductions de la dépense publique, provoquant un étouffant climat social à quelques mois ou semaines du scrutin, ou un accroissement de la pression fiscale.
LA DECISION DE S et P FAVORISE LE PLAN FRANCO-ALLEMENAND
Les conséquences politiques d’une dégradation éventuelle (et probable) de la note française seront considérables. Les parades fiscales du gouvernement déclencheront les sévères critiques de la gauche. De son côté, Nicolas Sarkozy met l’opposition au défi de voter la fameuse « règle d’or » (l’équilibre budgétaire érigé en contrainte constitutionnelle) alors que François Hollande ne peut pas en entendre parler avant les élections et que le Sénat, maintenant doté d’une majorité de gauche, la rejette. M. Sarkozy se bat sur une ligne sans précédent dans l’histoire électorale, sur le thème : tout va mal, mais je suis le seul à pouvoir gérer une crise de cette ampleur. M. Hollande, pour le moment, se contente de dire que tout va mal à cause du président, ce qui ne recouvre pas la réalité de la crise dans son ensemble. Elle n’est pas liée à la nature du pouvoir. Elle concerne toute l’Europe, l’Allemagne elle-même n’y échappe pas. S’il est vrai qu’une majorité de Français espère échapper au cauchemar en changeant de président, il demeure que la gauche, qui croit ardemment que son tour de gouverner est arrivé et estime que toutes les conditions de l’alternance sont réunies, ne dispose pas d’atouts particuliers pour sortir le pays de l’ornière où il est durablement enfoncé.
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