Un vaccin déjà existant contre la méningite de type B pourrait protéger contre une maladie sexuellement transmissible, la gonorrhée, selon trois études publiées dans « The Lancet Infectious Diseases », ce 12 avril.
Également appelée blennorragie ou chaude-pisse, cette infection, causée par une bactérie transmise lors de rapports sexuels non protégés, affecte surtout des moins de 30 ans, des hommes en particulier. Non traitée, elle peut entraîner par exemple un risque accru de contracter le VIH ou d'infertilité chez les femmes. Plus de 80 millions de nouveaux cas ont été enregistrés dans le monde en 2020, un nombre en augmentation, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'était fixé comme objectif en 2016 une réduction de son incidence de 90 % d'ici à 2030.
Alors qu'aucun vaccin efficace n'a été mis au point contre la gonorrhée et que la baisse d'efficacité des médicaments contre les bactéries responsables fait craindre des formes plus résistantes, les vaccins contre la méningite à méningocoque B suscitent un intérêt grandissant.
Entre 33 et 40 % d'efficacité
Selon une première étude, menée en Australie par la Pr Helen Marshall, le vaccin anti-méningite 4CMenB à deux doses apparaît efficace à 33 % contre la gonorrhée, chez les adolescents et les jeunes adultes (17-20 ans).
Les chiffres sont semblables dans une deuxième étude, également observationnelle et rétrospective, menée aux États-Unis (New York et Philadelphie) par le Dr Winston Abara : la vaccination avec deux doses de ce vaccin contre la méningite B semble apporter une protection de 40 % contre la gonorrhée, chez une population âgée de 16 à 23 ans. Une seule dose de vaccin aurait, elle, eu 26 % d'efficacité.
Des essais cliniques sont nécessaires pour confirmer ces résultats. Même si le vaccin contre la méningite B n'est pas une réponse idéale face à la gonorrhée, il pourrait déjà permettre d'avancer, notamment pour trouver un vaccin spécifique, estiment les chercheurs.
Une troisième étude a cherché à modéliser les effets sanitaires et économiques de l'utilisation du vaccin contre la méningite B pour protéger contre la gonorrhée. Vacciner les plus à risque d'infection (des hommes ayant des relations avec plus de cinq partenaires masculins différents par an) serait le moyen le plus rentable d'éviter un grand nombre de cas, selon cette étude pilotée par l'Imperial College de Londres. Quelque 110 200 cas pourraient être évités en Angleterre et 8 millions de livres sterling (9,6 millions d'euros) pourraient être économisés sur 10 ans. Un vaccin dont l'efficacité serait de 60 % pourrait même permettre d'économiser 102 millions de livres (122 millions d'euros).
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce