Non seulement les ouvriers présents sur le site n’ont pas eu de mots assez humiliants pour décrire sa visite sous bonne garde (« il est venu comme un rat, sans nous voir »), mais son ex-ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, élue de la région,s’est livrée dans les médias à un procès à charge contre le chef de l’État, cédant souvent à un lyrisme d’avocate emportée par sa cause. Ce n’est nullement surprenant chez une femme qui a décidé de ne plus faire partie du gouvernement Valls après l’éviction d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon. Le problème posé par les diatribes que prononcent des personnes qui ont eu une responsabilité politique, c’est que le comportement qu’elles cultivent dans la vie civile est en contradiction permanente avec celui qu’elles avait été bien obligées d’adopter quand elles contribuaient à l’action gouvernementale. Il ne s’agit pas, ici, de revenir sur la nécessaire solidarité de l’équipe dirigeante en particulier et de la solidarité des socialistes en général, mais de montrer comment une dissidence dans un parti majoritaire et détenteur des rênes du pouvoir affaiblit sérieusement les institutions.
Le président de la République, comme chacun sait, n’a pas les nerfs à fleur de peau comme son prédécesseur. Il ne risque pas de lancer à un ouvrier l’expression « Casse-toi, pauvre c... ». Il n’aime pas du tout les affrontements en public et s’efforce, comme Nicolas Sarkozy à la fin de son mandat, de faire baliser tous ses parcours de manière à ne pas rencontrer de perturbateurs. Son action politique, en l’absence de résultats, se limite souvent à une explication de textes. En l’occurrence, à Florange, il rejette le mot de « trahison » et, après tout, s’il n’a pas voulu nationaliser Florange, rien ne l’obligeait à le faire dès lors qu’il obtenait qu’aucun ouvrier ne fût laissé sur le carreau.
Un trou dans la gouvernance.
Mme Filipetti assure que la poussée du Front national dans sa région lors des récentes élections municipales est directement liée à Florange. Mais cela reste à prouver. Cela ne justifie pas davantage que l’on traite, au nom de la liberté d’expression, le chef de l’État sans un minimum de respect pour ce qu’il représente. Il a été élu pour cinq ans et si nous sommes à peu près tous d’accord pour dire que son bilan, à ce jour, n’est pas fameux, nous ne faisons rien d’autre, en lui donnant des noms d’oiseau (ou de rongeurs) que soulever dans l’électorat le plus profond mépris pour la fonction de président de la République. C’est d’autant plus dommageable pour le pays que cette fonction est très large et qu’elle donne à M. Hollande un large pouvoir qui, s’il n’est pas exercé, crée un trou dans la gouvernance.
Certes, M. Hollande ne s’en laisse pas conter, qui continue à faire comme si les gens l’aimaient et à se servir de sa bonhomie, de son humour et de sa simplicité. Effectivement, il demeure très accessible et, pour peu que l’on ne l’agresse pas, il est disponible, notamment pour les plus humbles. Ce n’est pas ce qui réduira le chômage ou la morosité, mais on ne peut pas tout réprouver, y compris les qualités d’un homme qui n’est peut-être pas à la hauteur de la tâche mais que la France a choisi en 2012. S’il mentait pendant la campagne électorale, la droite le disait, mais le peuple a préféré la gauche. Au fond, les Français reprochent à M. Hollande le choix qu’ils ont fait de leur plein gré. Appliquer les dispositions démocratiques, c’est donner aux électeurs la responsabilité qu’ils n’ont pas dans les systèmes tyranniques. Rien ne peut prouver d’ailleurs qu’un autre que M. Hollande aurait fait moins mal que lui. La crise a largement pris le dessus sur le génie des hommes.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque