À la date du 22 janvier, seuls 216 000 enfants âgés de 5 à 11 ans avaient reçu une première dose de vaccin contre le Covid. Soit 3,8 % des 5,8 millions d’enfants éligibles, un mois après le début de la campagne pédiatrique. « Il ne faut pas cacher les chiffres, on ne peut pas dire que la vaccination des enfants soit un grand succès », concède le Pr Alain Fischer, invité mardi d’une conférence de presse organisée par le ministère de la Santé, pour venir à la rescousse de la vaccination pédiatrique.
« C’est dommage, il faut rassurer davantage les familles », regrette le professeur d'immunologie pédiatrique. Et pour relancer la campagne, Alain Fischer lance un appel à la médecine de ville : « Les pédiatres et les généralistes sont en première ligne pour expliquer aux parents le bien-fondé de cette vaccination. » « Il faut prendre le temps de répondre aux réticences des parents et leur dire que vacciner leur enfant en vaut la peine », justifie-t-il.
En effet, malgré une injection « pertinente, efficace et sûre », selon le Pr Fischer, la vaccination peine à démarrer chez les plus petits, car, avec la hausse des contaminations chez les vaccinés, l’argument collectif peine à tenir. Mais « diminuer un peu le risque d’infection chez les enfants, c’est diminuer un peu la transmission, c’est une bonne chose », tempère le Pr Fischer, qui préfère toutefois mettre d'abord en avant le bénéfice individuel pour chaque enfant face aux risques « rares » de complications. Pire : le ministère de la Santé s’inquiète particulièrement pour les enfants atteints de comorbidités. Seuls 2,8 % des 350 000 enfants fragiles étaient vaccinés au 9 janvier. « Nous sommes très en retard », souffle un représentant du ministère.
940 000 enfants contaminés
Alain Fischer se veut également rassurant quant à la sécurité des vaccins : « nous disposons de données concernant 8 millions d’enfants vaccinés et qui montrent que les effets indésirables dans cette classe d’âge sont extrêmement faibles ». « Ces données sont de nature à rassurer pleinement les prescripteurs et les familles », affirme-t-il encore. Avec 5 % de la tranche d’âge contaminée par le Covid, le Pr Fischer met en garde contre « des difficultés scolaires » et un nombre de contaminations « absolument considérable ». 940 000 enfants âgés de 5 à 11 ans ont déjà été infectés par le virus.
Pour dynamiser la vaccination pédiatrique, le ministère a décidé de modifier les règles d’autorisation parentale. « Seule l’autorisation d’un seul des deux parents sera désormais requise, c’est une très bonne nouvelle », se félicite le ministère qui précise qu’un DGS-Urgent devrait être envoyé dans les heures qui viennent.
Moins de la moitié des centres équipés
« Il faut vacciner le plus possible, le plus vite possible », réitère Alain Fischer. Pour cela, pharmaciens, infirmiers et sages-femmes pourront, eux aussi, vacciner les enfants. Un décret devrait être modifié dans ce sens d’ici à la fin de la semaine. Reste également à mobiliser les centres de vaccinations, qui doivent disposer de doses pédiatriques pour espérer capter les parents. Sur les 1 420 centres de vaccinations, 635 disposent aujourd’hui d’une ligne de vaccination infantile. Trop peu pour le ministère qui espère à terme « que 90 % des centres soient équipes de doses pour enfant ». D’ici à fin février, 102 000 rendez-vous pédiatriques sont disponibles.
Autre trou dans la raquette de la campagne vaccinale : les femmes enceintes. « Elles sont moins vaccinées que les femmes du même âge, c’est une grave erreur », s’alerte le Pr Fischer, citant « un certain nombre de drames » chez ces femmes non vaccinées comme « une sévérité accrue des pneumonies, un excès de décès in utero, des prématurés, ou des retards de croissance ». Sur les 1 090 enfants et adolescents de moins de 19 ans hospitalisés en France, « la moitié sont des nourrissons, conséquence le plus souvent de femmes enceintes non vaccinées contre le Covid », souligne le Pr Fischer.
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