La presse d’opposition, dans sa détermination à critiquer le gouvernement, va parfois jusqu’à émettre des avis contradictoires. Elle lui reproche la lenteur ou l’insuffisance de ses réformes, mais elle ne manque jamais d’en dénoncer le contenu quand, d’aventure, un projet commence à prendre forme. Ainsi, « le Figaro » fustigeait mardi le nouveau tour de vis apporté à la politique familiale parce qu’il est question de diminuer les primes qui accompagnent la maternité. Certes, c’est une politique de Gribouille. On ne peut pas à la fois exalter la fertilité des Françaises ainsi que la performance démographique du pays et prendre des mesures qui découragent la maternité. Mais l’argument est valable pour toutes les dépenses : quand elles sont faites, elles semblent très insuffisantes, quand elles sont réduites, elles entraînent des manques qui conduisent leurs bénéficiaires à l’asphyxie, à la souffrance, au renoncement, comme ces couples qui se dispenseront d’engendrer un nouvel enfant s’ils estiment qu’ils n’en ont plus les moyens.
L’équation familiale est bien plus compliquée que le système social prévu pour la famille. On se pose la question d’une forte démographie dans un pays incapable de donner un emploi aux jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Pourtant, on ne saurait sombrer dans le malthusianisme et risquer, comme en Allemagne ou au Japon, de ne plus avoir assez de jeunes actifs pour payer les retraites. La réforme porte donc sur un ajustement de la politique familiale qui permettrait d’obtenir le même nombre de naissances en dépensant moins d’argent public. C’est valable pour tous les autres secteurs, comme l’assurance-maladie ou les retraites. Il faut sans doute un immense talent pour résoudre cette quadrature du cercle. Le gouvernement essaie plutôt le plan médias. Son wonder boy, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron, s’efforce de changer les règles des professions réglementées, ce qui lui vaut une grève des pharmaciens et des médecins, auxquels il ne cesse de jurer qu’il n’a pas du tout l’intention de porter atteinte à leur profession. C’est, décidément, mal engagé.
Manuel Valls annonce que, grâce à sa fermeté, les pilotes d’Air France ont repris le travail. Pourtant, il est intervenu dans la négociation direction-syndicats de pilotes en demandant à Air France de renoncer à son projet de Transavia-Europe, une manière de délocaliser le low cost dans des contrées moins coûteuses. Si M. Valls a été ferme, c’est sur le développement de Transavia France. En attendant, la compagnie nationale a perdu 200 millions d’euros, sans compter les dégâts chez les sous-traitants, aéroports, taxis, personnels au sol, etc. En somme, si une réforme ne fait pas courir un risque à une profession, à des bénéficiaires de prestations sociales, à des élus, aux innombrables récipiendaires du pactole public, ce n’est pas une réforme.Or les chiffres sont têtus. La dette publique a atteint 2023 milliards, elle a donc dépassé un seuil fatidique. Elle représente 95 % du produit intérieur brut. Dans un rapport, des experts allemands indiquent que le moteur franco-allemand de l’Europe ne tourne pas rond à cause des défaillances françaises. Une politique de relance européenne n’est possible, estiment-ils, que si la France réduit sa dépense publique. Chaque jour, le gouvernement trouve de bonnes raisons pour ne pas le faire. La dernière en date, c’est la croissance qui est nulle. Le sort des Français est meilleur que celui de certains de leurs voisins, justement parce que, jusqu’à présent, le filet social a permis à la plupart d’entre eux de vivre comme si la crise n’avait pas eu lieu. Ce sursis, nous l’avons payé en nous endettant et maintenant, c’est cette dette qu’il faut réduire.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque