Un couple vient d'obtenir du tribunal de Grasse l'autorisation de confier à une société privée la congélation des cellules du cordon de leur bébé qui va naître très prochainement, a indiqué leur avocat Emmanuel Ludot, confirmant une information du Parisien et de RTL.
Dans son ordonnance datée du 21 novembre, le tribunal autorise le couple à « prélever et conserver les cellules hématopoïétiques du sang du cordon et du sang placentaire ainsi que les cellules du cordon et de placenta [...] au regard des nécessités thérapeutiques dûment justifiées ».
« Ce qui est une première, c'est d'agir par anticipation. Le cancer n'est pas là mais on sait qu'il y a un risque avéré », a expliqué l'avocat du couple. Les parents redoutent de transmettre à leur enfant « un patrimoine génétique lourd » : selon Me Ludot, la famille de la mère a connu plusieurs cas de cancers foudroyants du pancréas tandis que, du côté du père, lui-même « en mauvaise santé », des cancers du foie ont été rapportés.
« C'est peut-être un futur cadeau que je fais à mon enfant de pouvoir demain se soigner grâce à ça [...] j'aurais regretté de ne pas le faire, même si demain ça ne fonctionne pas », a témoigné la future mère sur RTL ce 12 décembre.
Écart par rapport à la loi de bioéthique, absence de consensus scientifique
« La conservation de sang de cordon à des fins autologues (ou pour son propre enfant) est interdite par la loi en France. En conformité avec la loi de bioéthique, le don de sang de cordon repose sur les principes intangibles du consentement, de la gratuité et de l’anonymat », rappelle l'Agence de la biomédecine sur son site internet. Il est utilisé pour traiter les maladies du sang (leucémies, lymphomes), certaines maladies génétiques (la drépanocytose, les thalassémies, les déficits du système immunitaire) et pour remplacer la greffe de moelle osseuse dans certaines indications.
« Par ailleurs, les sociétés savantes estiment qu’aucune donnée ne permet de penser qu’il est utile de conserver le sang de cordon de son enfant dans une perspective de médecine régénérative. Autrement dit, rien aujourd’hui ne permet d’envisager un traitement de maladies telles que, par exemple, certaines maladies neuronales ou cardiaques, chez l’enfant devenu grand à l’aide de ses cellules de sang de cordon », lit-on encore.
Pas de sens du point de vue médical
Seule dérogation prévue par la loi Leonetti relative à la bioéthique : un don dédié à l'enfant né ou aux frères ou sœurs de cet enfant en cas de nécessité thérapeutique avérée et dûment justifiée lors du prélèvement.
En l'occurrence, cette démarche « n'a pas de sens médicalement parlant », a réagi auprès de l'AFP Luc Douay, professeur d'hématologie à l'Université Pierre et Marie Curie à Paris : « Il n'existe pas aujourd'hui d'éléments scientifiques permettant de penser que le cordon ombilical contient des cellules qui pourront un jour traiter n'importe quel type de pathologie, notamment cancéreuse, ou régénérer des tissus. »
Le Dr Jean Leonetti s'est de son côté inquiété « d'une transgression éthique et d'une illusion scientifique ». « On essaie de calmer l'angoisse des parents en leur donnant l'illusion qu'en gardant le cordon, ils vont pouvoir le sauver de toutes les pathologies possibles », a-t-il commenté, espérant que cette décision de justice ne fasse pas jurisprudence.
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